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The bling ring

Un Certain Regard
Film d’Ouverture
The bling ring

Nationalité : Americain
Genre : Drame
Durée : 1h30min
Date de sortie : 12 Juin 2013
Réalisateur : Sofia Coppola
Acteurs principaux : Emma Watson, Israel Broussard, Taissa Farmiga

À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le "Bling Ring".


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le "dress code" du "red carpet" fait rêver tout un chacun à Cannes bien sûr, mais plus particulièrement certains adolescents de Los Angeles... Les collines du L.A. dans lequel Sofia Coppola nous entraîne sont parsemées de villas idylliques renfermant moult trésors de créateurs de mode (vêtements, bijoux, accessoires griffés de leur logo). A portée de main afin de pouvoir s’identifier à leurs heureux propriétaires ? peut-être si l’on arrive à s’y introduire subrepticement !

Voilà donc nos deux associés qui -dans un lien pervers : il manque de confiance en lui et elle a besoin d’un bouc émissaire- entraînent une petite bande au pillage, en quête du beau et du voyant (bling bling, bling ring). Mais pour une personnalité dont la réputation est justifiée, combien sont usurpées ! Ces "people" de pacotilles, dont on rassemble les objets, sont telles des idoles auxquelles on voue un culte. De fausses idoles et une identification fétichiste ...

De surcroît le vol est un délit sanctionné au pénal. Mais les lumières de la ville, les reflets des diamants, des glaçons dans la vodka et ceux des cabriolets rutilants ont quelque peu brouillé la vision de ces jeunes. In fine ils paieront bien plus cher que le montant réel de leurs larcins, sauf une ... peut-être.


Ce film se prête à plusieurs lectures. Un moment de détente, pochade inspirée d’un fait divers réel que l’on peut prendre à la légère, reprenant les mots du jeune Marc « no way – j’y crois pas ! ». On peut aussi le déguster comme un bonbon légèrement acidulé, pas si sucré que cela, entre complicité amusée et ironie. On peut enfin y lire une critique acérée du mode de vie de la jeunesse dorée de Californie. Ces jeunes ont tout dans la vie mais pas grand chose dans la tête. Par désœuvrement, par admiration pour des starlettes qui nous sont présentées comme ne valant guère mieux qu’eux, ils se livrent à des vols de vêtements et d’objets de luxe dans des maisons laissées ouvertes par négligence.

Qui est vraiment victime ? Paris Hilton possédant tant de pacotille hors de prix qu’elle ne s’aperçoit guère de sa disparition (il faudra pour lui ouvrir les yeux l’enregistrement vidéo de la caméra de surveillance) ? Ou ces jeunes voleurs, en perte de repères, leurs parents étant aveugles, absents, voire inconsistants ? En fin de film, le visage de la meneuse de la bande fait penser à l’un de ces visages dont Chris Marker, dans Le Joli Mai projeté jeudi dernier, ponctue la fin de son film. Quelle prison intérieure enferme Rebecca ? Quelle détresse cache-t-elle, sans doute à son insu, derrière sa quête de l’apparence, clinquante de préférence ? Rien n’a de poids, l’amitié elle-même se révèle factice. L’humour de Sofia Coppola, sa manifeste connaissance du milieu où évoluent ses personnages lui permettent de traiter son sujet dans le ton bling bling, et c’est plutôt bien vu.