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Post tenebras lux

Sélection Officielle
Post tenebras lux

Pays : France, Mexique
Genre : Drame
Durée : 2h00min
Acteurs principaux : Adolfo Jimenez Castro, Nathalia Acevedo, Willebaldo Torres
Réalisateur : Carlos Reygadas

Juan et sa famille ont quitté leur ville de Mexico pour s’installer à la campagne où ils profitent et souffrent d’un lieu qui voit la vie différemment. Ces deux mondes coexistent pourtant, sans savoir s’ils se complètent réellement ou si chacun lutte pour la disparition de l’autre.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Nous sommes saisis dès la première minute par la beauté et la force des images : une grande prairie, la pluie et un ciel tourmenté par l’orage, une petite fille marche au milieu d’un troupeau de vaches, des chiens s’activent autour avec des aboiements et des glapissements. La Nature est présente dans sa puissance originelle. Voilà qui rappelle le début de son précédent film Lumière silencieuse et nous conditionne pour entrer dans le récit. Hélas, il faut reconnaître que les séquences qui se succèdent nous font perdre peu à peu le fil de ce qui aurait pu être un grand film. La famille est au centre de l’histoire, thème favori du cinéaste. Apparemment, elle vit un décalage avec le monde rural assez rustre qui les entoure. Il semble qu’il y ait des problèmes entre l’homme et la femme, focalisés sur leurs rapports sexuels. Leur conversation est pour le coup d’une grande banalité. Ce qui ne va pas et déconcerte c’est l’absence de lien entre les séquences, et la présentation de moments totalement énigmatiques : l’entrée la nuit dans la maison silencieuse d’une forme rouge qui ressemble à un satyre (pas loin du ridicule), la réunion dans une grande maison (où on parle français !) d’hommes et de femmes nues s’adonnant au plaisir sexuel en groupe, la partie de rugby à la toute fin du film comme épilogue ! Non, vraiment, on ne marche pas.


A travers ses trois premiers films, tous présentés à Cannes, de « Japon » en 2002 à « Lumière silencieuse » en 2007, Carlos Reygadas s’est révélé comme un très grand cinéaste et un esprit qui n’a pas peur de la provocation. Il nous promène cette fois dans la campagne mexicaine en compagnie d’une famille, le mari, Juan, sa femme, très belle, et deux jeunes enfants, un garçon, Eleazar et une fille d’à peine trois ans, Rut. Les paysages de la campagne et de la forêt sont splendides : dès la première scène, la petite fille gambade seule dans un pré au milieu des vaches gardées par les chiens, surgit un violent orage qui nous vaut des images impressionnantes. Ensuite, l’auteur « nous promène », l’expression n’est pas choisie au hasard, dans des saynètes liées de près ou de loin à la vie de cette famille, sans que la relation entre elles soit bien claire, certaines scènes basculant carrément dans l’imaginaire, avec un satyre rouge (en numérique) qui survient dans la maison. D’autres critiques nous feront peut-être progresser dans l’intelligence de ces énigmes, mais plus probablement l’auteur se complaît à déconstruire tout récit suivi, au bénéfice de la création d’une atmosphère, d’une ambiance générale créée par le choc entre ces séquences. C’est original, comme l’était en son temps le « Nouveau Roman », ce n’est pas aussi convaincant que l’étaient en leur temps les histoires presque muettes de Lisandro Alonso en Argentine.