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La Nuit du 12

Cannes Première
La Nuit du 12

Nationalité : France Belgique
Genre : Thriller Policier
Durée : -
Date de sortie : 2022
Réalisateur : Dominik Moll
Acteurs principaux : Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Johann Dionnet, Anouk Grinberg, Pauline Serieys

À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Librement inspiré de l’excellent roman-reportage de Pauline Guéna 18.3 : une année à la PJ, Dominik Moll, dans un film rythmé et puissant, renouvelle très heureusement le sujet rebattu des cold cases. Avec le cas de Clara, une jeune fille brûlée vive par un inconnu que Yohan (excellent Bastien Bouillon) et son équipe, malgré tous leurs efforts, ne parviendront pas à identifier (dès le début du film on nous dit que l’histoire fait partie des 20% des enquêtes de la PJ restées non résolues). Un féminicide donc au centre du film qui, par touches successives, nous fait réfléchir à un monde où, comme le dit une policière, ce sont les hommes qui tuent et ce sont les hommes qui enquêtent. Un monde où rampe dans certains esprits l’idée lamentable que finalement, les femmes tuées pourraient l’avoir un peu cherché. Les policiers, la juge d’instruction, aux prises avec un manque chronique de moyens, sont montrés avec nuances et empathie. Une sorte d’anti Bac Nord, finalement.


Après Seules les bêtes (fin 2019), Dominik Moll revient ici sur le genre policier qu’il maîtrise parfaitement. Nous sommes plongés dans la banalité d’une enquête, dans la recherche des ressorts et des preuves. Le scénario nous permet d’apprécier les ingrédients de ce travail : un sens de l’observation aiguisé, l’art des bonnes questions - intrusives par nécessité, et l’obligation de rester de marbre face à des personnes pourtant bouleversées par le décès d’un proche.
Les suspects se succèdent et dévoilent leurs alibis. Les crimes non élucidés hantent parfois ces hommes de la PJ engagés dans leur travail mais confrontés au manque de moyens. Loin d’être des héros, ils ont aussi leur part de problèmes personnels et ne sont pas tous exempts de préjugés – ne pensez-vous pas que cette femme l’a un peu cherché… ? dit l’un d’eux.
Dominik Moll livre donc un regard humain mais sans complaisance en questionnant au passage la place des femmes dans la police et plus généralement les rapports entre les hommes et les femmes dans la société.
Avec une mise en scène efficace et limpide, une musique juste à sa place, des acteurs plutôt « discrets » dans leur rôle, ce film est habillé de réalisme et transmet beaucoup d’émotion.