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Se Rokh

Trois Visages / 3 Faces
Compétition officielle
Se Rokh

Nationalité : Iran
Genre : Drame
Durée : 1h24
Date de sortie : 2018
Réalisateur : Jafar Panahi
Acteurs principaux : None

Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quelle émotion chaque nouveau film de Jafar Panahi ! Quand on voit ce qu’il arrive à faire avec le peu de moyens à sa disposition, on mesure le gâchis pour le 7eme Art de brimer un tel artiste. Sa chaise est restée, une fois de plus, vide.
Il nous livre ici l’histoire d’une autre brimade, celle d’une double peine : si être artiste est déjà mal vu par le régime, alors quand il s’agit d’une jeune fille, pensez donc ! Trois générations d’actrices : la reconnue, la jeune candidate au conservatoire et l’artiste d’un certain âge en retraite forcée qui accueille cette dernière.

Mais l’histoire conte aussi les paysages magnifiques, la vie des gens pauvres de la campagne, une vie rude où l’accueil est sacré. Elle est racontée de façon limpide, linéaire, sans fioritures, avec humour et élégance.


Le film commence sur un drame, son suicide filmé en mode selfie par la jeune Marziyeh qui veut devenir actrice et supplie Behnaz Jafari, son actrice modèle. Il se poursuit en enquête menée par la star partie à sa recherche, morte ou vive, conduite par le réalisateur Jafar Panahi, sur les routes de l’Iran montagneux et ancestral, tous deux jouant leur propre rôle.
Nous voici embarqués dans un road-movie plein d’ingéniosité et d’humour où se mêlent modernité et superstitions, le choc de deux Iran. Hilarante scène du prépuce ou d’une vieille qui essaie sa tombe.
Jafar Panahi, interdit de filmer, filme son enfermement dans la voiture tout en y échappant, et donne à voir trois générations de femmes qui s’émancipent par l’art. Comme en écho à notre époque de libération de la parole, la mère de Marzhiyeh dit que « son seul problème est qu’elle ne sait pas se taire ». Un coup de maître.