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Portrait du juré Robert K. Johnston (Etats-Unis)

Portrait du juré Robert K. Johnston (Etats-Unis)

Robert K. Johnston, professeur de théologie et de culture au Séminaire théologique Fuller à Passadena (Californie), est co-directeur de l’Institut du Fuller’s Reel Spirituality. Il est l’auteur ou l’éditeur d’une quinzaine de livres et également le co-éditeur des collections Engaging Culture and Exegeting Culture auprès de Baker Academic Books. Président honoraire de la Société américaine de théologie et bénéficiaire de deux bourses de recherche majeures de la Fondation Luce, Robert Johnston est un ministre de l’Evangelical Covenant Church. Membre du jury œcuménique à Locarno en 2017.

Comment abordez-vous ce Jury œcuménique à Cannes ? Quelles sont vos envies, espérances ?
Jusqu’à l’année dernière, je n’avais jamais eu le privilège de faire partie d’un Jury œcuménique, jusqu’à participer à celui de Locarno. En regardant les films de la compétition lors de ce festival, avec mes collègues du Jury œcuménique, j’ai appris à quel point il est intéressant de voir et de discuter de deux douzaines de films avec des personnes qui aiment à la fois le cinéma et Jésus. C’est avec ces deux mêmes amours que je viens à Cannes, désireux d’avoir ma compréhension de la vie élargie à la fois par les histoires des films qui seront projetés et par les idées de mes collègues qui m’accompagnent. J’espère aussi que par nos choix de Jury, nous pourrons aider à ce que le ou les films choisis parlent aux esprits de chacun, leur offre d’approfondir leur foi, espoirs et amours.

Comment le cinéma a pris de l’importance dans votre vie ?
Les films me permettent de faire l’expérience de ce que j’appelle une « coupe transversale » plus large de la vie que je ne serais autrement capable de voir. Comme les histoires sur l’écran croisent mon histoire et l’histoire de Dieu, je suis plus à même de comprendre la vérité, la beauté et la bonté de la vie (ou son manque tragique). Et peut-être plus en capacité de le ressentir.

Quels sont les 3 films majeurs pour vous personnellement ?
Quand j’étais à l’université, je suis allé voir Becket, avec Richard Burton et Peter O’Toole. En voyant l’ancien buveur du roi, Thomas a’Becket, prendre au sérieux sa nouvelle responsabilité d’archevêque dans l’obéissance à Dieu, j’ai reconnu que Dieu me demandait aussi de répondre à son appel comme ministre protestant. Je n’avais pas d’abord besoin de devenir une personne exemplaire ; J’avais seulement besoin d’être disposé à obéir à l’appel de Dieu. Quand j’ai vu La vie est belle, mes filles avaient grandi. L’amour inconditionnel du père pour son fils (il ferait n’importe quoi pour Joshua), m’a aidé à comprendre personnellement ce que devrait être un « père », ce que j’aurais mieux aimé être en tant que père et être encore. Et même si la vie personnelle de Kevin Spacey a rendu la re-vision d’American Beauty difficile, voire impossible, mes premières projections multiples de ce film avec ses thèmes similaires au livre de l’Ecclésiaste ont profondément creusé mon âme. Le sens de ma vie ne vient pas de ce que je peux accomplir. Après tout, nous allons tous mourir. Mais le don de la vie et les relations qu’elle apporte sont précieux et pleins d’émerveillement.

Qu’est-ce que, pour vous, un bon film ?
Au cinéma, l’histoire règne en maître. L’excellence technique est évidemment une condition préalable, mais cela ne suffit pas. L’histoire d’un film doit être en mesure de se connecter avec les histoires de ses spectateurs. Un bon film doit être intellectuellement satisfaisant (il doit en quelque sorte être fidèle à la vie, même si c’est un fantasme), émotionnel (le spectateur doit se soucier des personnages à l’écran) et être visiblement accrocheur. Quand la tête, le cœur et les tripes d’un spectateur sont touchés par une histoire à l’écran, alors ce film est réussi.

De quelle façon abordez-vous la question « spirituelle » ou « chrétienne » dans votre rapport au cinéma ?
Le tournant post-séculaire de l’Occident au cours des vingt dernières années a conduit à un nombre croissant de films explicitement spirituels dans l’intrigue ou le thème. Et certains d’entre eux sont même explicitement "chrétiens". Mais si ces films sont peut-être les plus évidents pour évoquer des films qui invitent au dialogue religieux, un tel dialogue ne se limite pas à ces films thématiques. Tout film qui parle à l’esprit humain - tout film, c’est-à-dire qui égratigne la vérité, la beauté et la bonté de la vie, ou son absence - est un film qui invite les spectateurs à converser en tant qu’êtres spirituels. Un tel dialogue peut être fait d’une perspective explicitement théologique, la théologie chrétienne étant la lentille à travers laquelle une histoire est comprise. Ou cela peut être fait à partir d’une perspective spirituelle plus générale, alors que les histoires poussent vers l’extérieur pour transcender leurs particularités.


Robert K. Johnston is Professor of Theology and Culture at Fuller Theological Seminary, Pasadena, California and Co-Director of Fuller’s Reel Spirituality Institute. He served on the Ecumenical Jury at Locarno in 2017. He is the author or editor of fifteen books and the co-editor of both the Engaging Culture and the Exegeting Culture series for Baker Academic Books, as well as the Religion and Film series for Routledge. A past president of the American Theological Society and the recipient of two major research grants from the Luce Foundation, Johnston is an ordained minister in the Evangelical Covenant Church.

How are you approaching being on the ecumenical jury ? What are your hopes and desires ?
Until last year, I had never had the privilege of serving on an ecumenical jury. But being able to see the competition films at the Locarno Film Festival together with my ecumenical jury colleagues, I learned what a rich opportunity it is to view and discuss two dozen movies with those who both love movies and love Jesus. It is with these same two loves that I come to Cannes, eager to have my understanding of life expanded both by the films’ stories and by my colleagues insights that follow. I also hope that by our jury choices, we can help point others to that film or two that will speak to the spirits of others, deepening their faith, hopes and loves.

How has cinema been important in your life ?
Movies allow me to experience a wider cross-section of life than I would otherwise be able to see. As the stories on a screen intersect with my story and God’s story, I am more fully able to understand life’s truth, beauty, and goodness (or the tragic lack of it). And perhaps more ti the point, to feel this.

What movies have been particularly significant in your life ?
When I was at university, I went to see Becket, starring Richard Burton and Peter O’Toole. As I saw the king’s former drinking buddy, Thomas a’Becket, take his new responsibility as archbishop seriously in obedience to God, I recognized that God was also asking me to respond to his call on my life to be a Protestant minister. I did not first need to be an exemplary person ; I only needed to be willing to be obedient to God’s call. When I saw Life is Beautiful, my daughters were grown. The unconditional love of the father for his son (he would do anything for Joshua), helped me understand personally what a "father" should be, what I should better have been as a father and still might be. And though the personal life of Kevin Spacey has made re-viewing American Beauty a difficult to impossible task, my initial, multiple screenings of that movie with its similar themes to the book of Ecclesiastes dug deeply into my soul. My life’s meaning comes not from what I can accomplish. After all, we all will die. But the gift of life and the relationships it brings is precious and full of wonder.

What makes a good movie ?
In film, story reigns supreme. Technical excellence is obviously a prerequisite, but that is not enough. A film’s story must be able to connect with its viewers’ stories. A good movie must be intellectually satisfying (it must somehow be true to life, even if a fantasy), emotionally compelling (the viewer needs to care about the characters on the screen), and viscerally gripping. When a viewer’s head, heart, and "gut" are affected by a story on the screen, that film has succeeded.

How might a movie be considered spiritual or even Christian ?
The West’s post-secular turn in the last twenty years or so has brought with it an increasing number of movies that are explicitly spiritual in plot or theme. And some of these are even explicitly "Christian." But though such movies are perhaps the most obvious choice for films that invite religious dialogue, such dialogue is not limited to such thematic movies. Any film that speaks to the human spirit — any film, that is, that is scratching at the truth, beauty, and goodness of life, or the lack thereof — is a movie that invites conversation by viewers engaging it as spiritual beings. Such dialogue can be done from an explicitly theological perspective, Christian theology being the lens through which a story is understood. Or it can be done from a more general spiritual perspective, as stories push outward to transcend their particulars.