Nationalité : Ukraine, Pays-Bas, France, U.S.A.
Genre : Documentaire
Durée : 2h 25min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Sergei Loznitsa
Acteurs principaux :
Sergei Loznitsa interroge les conséquences de l’invasion d’un pays par un autre.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
21 mai 2024
Parmi les documentaires déjà réalisés sur l’Ukraine, ayant valeur de témoignage, celui-ci a un impact visuel particulier.
Dans la première séquence le rite orthodoxe accompagne les obsèques de plusieurs soldats morts au combat. Militaires, prêtres, familles et anonymes, dans un même mouvement recueilli, sont captés par des caméras fixes. Notre regard peut englober la totalité de l’évènement en plan large ou se fixer sur des visages, des regards.
Avec cette même technique, le réalisateur explore d’autres scènes du quotidien où quelques paroles sont perçues mais seulement dans le contexte. Les distributions de vivres et les bombardements font l’actualité, croisée avec l’inattendu, comme ce rendez-vous sur un pont détruit pour un échange de légumes, ou le circuit de livres indésirables qui finissent au recyclage. On ne pratique plus d’autodafés !
Le montage au cordeau de ces tableaux scrute les humains qui se déplacent dans un cadre de vie particulier, celui de la guerre.
20 mai 2024
Après Maïdann en 2014 et Dombass en 2018, Sergei Loznitza nous propose dans ce beau et long documentaire de vivre avec les ukrainiens à l’arrière du front, dans leur vie quotidienne impactée par cette guerre dont l’agresseur tait le nom. Des funérailles des soldats, une célébration de mariage pendant une permission, une classe d’enfants, des scènes de ravitaillement ou de fourniture de matériel médical, une maternité, un café littéraire purgeant les livres russes sont autant de lieux, parmi bien d’autres, où la caméra nous introduit, non en voyeurs ou spectateurs mais en solidarité de ce peuple martyr, qui lutte pour la vie et sa liberté. Les chants liturgiques, les chansons populaires et les cris patriotiques ponctuent ces images, sans commentaire, car le vécu montré suffit à exprimer ce qui se vit sur place. On n’en ressort ni indemnes ni indifférents.
20 mai 2024
Ce documentaire est constitué d’une vingtaine de tableaux indépendants les uns des autres, dont la force va globalement crescendo et qui font sens globalement. Le réalisateur n’a ajouté aucun commentaire en dehors des propos enregistrés.
On pourra trouver certaines séquences un peu longues, mais il faut se laisser imprégner par ces divers tableaux qui nous transportent à travers l’Ukraine en guerre :
d’une vie de tous les jours, où l’on peut encore rire des alertes aériennes aux opérations de secours suite à la destruction d’un immeuble ;
d’un joyeux bain de Noël à l’engagement solidaire pour nourrir les habitants de régions isolées ;
d’une célébration de mariage aux célébrations d’hommages et de funérailles ;
de l’entraînement des soldats à la rééducation des invalides de guerre ;
de la mise en décharge de livres russes aux célébrations à la gloire de l’Ukraine.
La vie et la guerre sont étroitement imbriquées. Les images parlent d’elles-mêmes pour dire les souffrances, la solidarité, la volonté et la fierté du peuple ukrainien.
Certaines séquences réservent des moments particulièrement émouvants.
18 mai 2024
Sergei Loznitsa nous émeut avec son documentaire sur une guerre qu’il ne montre pas. Il peint au contraire en plusieurs épisodes emblématiques les conséquences de cette guerre sur la société civile. Les épisodes sont longs – hommage à leur importance. Les plans également, permettant au spectateur de s’immerger dans cette société meurtrie et d’en ressentir presque physiquement ses blessures. Le film s’ouvre sur un quadruple enterrement de soldats dans une belle cérémonie orthodoxe et se poursuit avec le mariage d’un soldat. Si la situation n’était pas aussi dramatique, on pourrait faire un jeu de mot avec Quatre mariage et un enterrement. Outre les entraînements militaires, la vie suit son cours dans les écoles. Les élèves y chantent des chants patriotiques. L’eau potable fait l’objet d’une file d’attente et ceux qui n’ont plus d’autres ressources se voient distribuer de la nourriture. Là, des secouristes cherchent à trouver des survivants après une attaque à la bombe, un centre de rééducation cherche à remettre sur pied les mutilés : mais les séquelles psychologiques pourront-elles jamais guérir ?
Il doit y avoir aussi des opposants, voire des traîtres. Le film ne le dit pas. Il faut serrer les rangs !