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September Says

Un certain regard
September Says

Nationalité : France, Allemagne, Grèce, Irlande, Grande-Bretagne
Genre : Drame
Durée : 1h 40min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Ariane Labed
Acteurs principaux : Mia Tharia, Rakhee Thakrar, Niamh Moriarty

Deux sœurs nées à dix mois d’intervalle s’installent à la campagne avec leur mère bipolaire.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

September est la soeur aînée de July, mais on les croirait jumelles sur les photos qu’expose leur mère. September attire la lumière, elle est la plus forte des deux. Protectrice et manipulatrice elle a une emprise que l’on sent vite maléfique sur sa soeur, plus fragile et déséquilibrée. Au jeu du "Jacques a dit" (en version française) July devra aller jusqu’au sacrifice. Au collège elles subissent harcèlement et rejet mais se défendent en donnant raison à leur réputation de folles furieuses !
A la maison leur mère célibataire semble dépassée et un peu irresponsable. C’est pourtant de l’amour qui soude cette famille dysfonctionnelle.
A la suite de "l’incident" au lycée, elles s’exilent dans la maison vide de la grand-mère, dans la campagne irlandaise, son bord de mer et ses falaises.
Cette deuxième partie nous plonge dans le doute, remettant en cause notre interprétation. La tension et le rythme du récit, perturbés par des phénomènes étranges, nous portent alors au bout de nos interrogations.


Vous connaissez tous le jeu de "Jacques a dit " où l’on doit exécuter la tâche indiquée par "Jacques ". Entre September et July, deux soeurs élevées comme des jumelles, c’est September qui endosse le rôle de Jacques. Sauf qu’il ne s’agit plus d’un jeu. Au fil du film, thriller psychologique troublant, c’est l’emprise qui en est le véritable sujet.
September et July, mises en lumière par leur mère photographe depuis leur enfance, sont jolies, pleines de vie, de rêves. Mais très subtilement, nous observons ces deux jeunes filles grandir, inséparables, fusionnelles - September en gardienne de leur espace temps - et notre malaise s’accentue.
Leurs performances sont étonnantes de force et d’intensité : la violence chez l’une et le repli chez l’autre, peu de paroles : les regards suffisent. Les paysages d’Irlande sont magnifiques, ouverts au grand vent et pourtant c’est en intérieur qu’elles se réfugient, la maison devient forteresse et leur âme en danger. Aucun échappatoire possible pour "July bébête". Un petit sifflement - c’est leur code interne - la ramène aussitôt auprès de September.
Au fil du film, Ariane Label scrute dans la complicité des deux soeurs cette manipulation toxique, l’enfermement psychologique qu’elle provoque, cette difficulté à scinder les trajectoires. Jusqu’au bout, elle nous tient en haleine.