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Maria

Cannes Première
Maria

Nationalité : France
Genre : Biopic, Drame
Durée : 1h 40min
Date de sortie : 19 juin 2024
Réalisateur : Jessica Palud
Acteurs principaux : Anamaria Vartolomei, Yvan Attal, Matt Dillon

Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film est l’adaptation du roman "Tu t’appelais Maria Schneider" de Vanessa Schneider. Il donne une version exacte sur le déroulement des évènements du film "Le dernier tango à Paris" en 1971, avec Maria Schneider et Marlon Brando. Ce film avait déclenché un scandale international qui déstabilisa profondément l’existence de l’actrice. C’est le premier grand rôle devant la caméra, dans ce film de Bernardo Bertolucci, pour Marie Schneider, qui accèdera à la célébrité et deviendra une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…

Ce long-métrage retrace avec empathie plusieurs moments clés du parcours tragique de la comédienne. Les séquences relatant les scènes qui firent scandale à l’époque, tant dans la presse que dans le milieu social, sont remarquables et expriment merveilleusement la détresse de Maria. La réalisatrice fait une belle reconstitution de la vie désespérée, tragique et meurtrie de Maria, qui finira par se suicider en 2011 à 58 ans.


À l’heure de MeToo, il est bon de faire mémoire et honneur à l’une de celles qui a tenté de résister, il y a plus de 50 ans. Entre une mère qui l’avait chassée de chez elle à 16 ans et un père qui ne l’avait pas reconnue, Maria Schneider portait un héritage douloureux. « Vous avez quelque chose de blessé qui me plaît beaucoup » lui assène Bernardo Bertolucci, une phrase qui dit tout du regard sur les femmes à l’époque ! S’ensuivront une trahison et un viol sur le plateau.

Passé le choc du tournage du Dernier Tango à Paris , dont elle sortira détruite et droguée, Maria se relèvera pourtant. Ode à l’amitié qui l’aidera à se reconstruire, le film la montre aussi résistant ensuite pendant un tournage : « Ce n’est pas dans le scénario, je ne me déshabille pas ! », ou lors d’entretiens avec des journalistes : « Les films sont écrits par les hommes pour les hommes ». Malaise à l’époque ! Personne ne l’a entendue, malgré le nombre de ces interviews.

La caméra épouse son point de vue, elle est de tous les plans. Anamaria Vartolomei est particulièrement émouvante dans ce rôle, faisant de ce film un superbe témoignage de la souffrance qui résulte des abus sur les plateaux. Et d’ouvrir le débat sur les limites morales de la création artistique.