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The Damned

Les Damnés
Un certain regard
The Damned

Nationalité : Belgique, Italie, U.S.A., Canada
Genre : Historique, Guerre
Durée : 1h 28min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Roberto Minervini
Acteurs principaux : Jeremiah Knupp, René W. Solomon, Cuyler Ballenger

Hiver 1862. Pendant la guerre de Sécession, l’armée des Etats-Unis envoie à l’Ouest une compagnie de volontaires pour effectuer une patrouille dans des régions inexplorées. Alors que leur mission change de cap, ils questionnent le sens de leur engagement.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel beau film, tant sur le fond que sur la forme. Dommage qu’il ne soit pas éligible pour notre jury. Une merveilleuse caméra nous fait participer à la vie d’un groupe de soldats nordistes volontaires pour explorer le pays. Le danger peut venir de partout. Il faut être prêt à toute éventualité ; sans cesse s’entraîner à manier les armes (« prends soin de ton arme, elle prendra soin de toi »), les nettoyer, monter des tentes, s’occuper des chevaux, se laver dans l’eau glacée… des tirs éclatent, il faut tirer à son tour.

Les dialogues prennent aux tripes. Pourquoi s’est-t-on engagé ? Le jeune encore imberbe croit que tout est de la volonté de Dieu, qu’il se bat par et pour cette volonté divine ; un plus âgé se contente de distinguer le bien du mal, ou du moins de survivre. Dans quelle mesure a-t-on le droit, voire le devoir de tuer ? C’est quoi, devenir un homme ? Réponse limpide : quand tu t’es pardonné à toi-même - et aux autres.
Une grande leçon d’humanité.


Les Damnés est un film qui se mérite : on y entre lentement, comme en attente, à l’image de ces héros, nordistes de la guerre de Sécession envoyés combattre les Sudistes en « terra incognita » dans le grand Ouest. Leur tâche consiste à tenter de se défendre d’un ennemi aussi improbable que dangereux, un peu comme dans le « Désert des Tartares » de Dino Buzzati. Mais la comparaison s’arrête là car, plongés dans l’isolement, ces soldats créent une petite communauté d’hommes responsables où règnent une confiance et une tolérance mutuelle. Le plus aguerri protège le plus vulnérable et les interrogations de chacun sur le bien-fondé de sa participation à cette guerre s’expriment librement. On y croise "celui qui croyait au ciel/ celui qui n’y croyait pas" que célèbre Aragon dans son poème « La rose et le réséda », ainsi que celui qui veut s’opposer à l’injustice de l’esclavage. Mais tous pensent, comme le poète, que : « Quand les blés sont sous la grêle/ Fou qui fait le délicat/ Fou qui songe à ses querelles/ Au cœur du commun combat. »
Tourné à hauteur d’homme, sobrement, et ne contenant qu’une scène de combat où l’ennemi est à peine suggéré, le film atteint une dimension symbolique où l’accent, porté sur la recherche de sens et la force du lien fraternel, s’éprouve dans la scène finale comme une méditation plus spirituelle que purement intellectuelle.