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Johnny Got His Gun

Johnny s’en va-t-en guerre
Cannes Classics
Johnny got his gun

Nationalité : U.S.A.
Genre : Drame, Guerre
Durée : 1h 52min
Date de sortie : 1 mars 1972
Réalisateur : Dalton Trumbo
Acteurs principaux : Timothy Bottoms, Don ’Red’ Barry, Kathy Fields

Durant la Première Guerre mondiale, un jeune soldat est blessé par une mine : il a perdu ses bras, ses jambes et toute une partie de son visage. Il ne peut ni parler, ni entendre, ni sentir mais reste conscient. Dans la chambre d’un hopîtal, il tente de communiquer et se souvient de son histoire.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Réalisé en 1971, Johnny got his gun a reçu le grand prix spécial du jury à Cannes mais ce n’est que petit à petit qu’a été étendue sa notoriété jusqu’à devenir une icône du cinéma mondial. Il vient d’être restauré et sera diffusé en salles à partir du mois d’octobre. Sobre dans sa forme, c’est pourtant un implacable réquisitoire contre l’armée, incarné par un jeune américain de 20 ans, décidé, « pour ne pas se montrer lâche », à se porter volontaire pour participer à la guerre de 14/18. Il en reviendra horriblement mutilé et considéré par un médecin militaire comme « décérébré » mais pouvant servir de cobaye pour la médecine de guerre. Le film joue sur les contrastes en utilisant le noir et blanc pour les scènes tournées à l’hôpital où le spectateur ne voit rien qu’une forme allongée sous un drap dont on entend seulement les pensées, et la couleur pour évoquer les souvenirs de ce jeune homme au cœur pur, ses rêves et ses cauchemars. Est également opposée l’innocence du héros à la noirceur absolue de sa situation. Le spectateur se sent lui-même immergé dans cet état d’ impuissance et partagé entre la compassion et la révolte. La critique de l’armée est sans appel mais la religion, quoique moins ciblée, n’est pas non plus épargnée.


Lors de la présentation, le directeur de Gaumont a souligné qu’il s’agissait d’un grand film antimilitariste. Pourtant, l’important me semble être ailleurs ici, à savoir l’incompétence criante sur le plan de l’humanité des deux médecins ayant eu successivement à s’occuper du cas de ce pauvre soldat affreusement mutilé. Le premier le déclare décérébré et décide de le garder pour étudier son cas. Il ordonne de le mettre dans un réduit où personne ne pourrait le voir ; comme un rat de laboratoire, voire pire. Le second - après avoir assisté au dialogue établi par une infirmière compatissante qui écrit des lettres sur la peau du patient, tandis que ce dernier répond en morse par des mouvements de tête - ignore froidement ses supplications de le tuer, referme les volets pour qu’il ne puisse plus sentir le soleil sur sa peau - son seul plaisir - et interdit à quiconque de divulguer toute information sur ce contact établi.

Avant de s’interroger sur les aptitudes scientifiques des futurs médecins, il faudrait pouvoir tester leurs aptitudes humaines.