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All We Imagine as Light

Compétition Officielle
All We Imagine As Light

Nationalité : France, Inde, Luxembourg, Pays-Bas
Genre : Drame
Durée : 1h 50min
Date de sortie : 2 octobre 2024
Réalisateur : Payal Kapadia
Acteurs principaux : Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam

Infirmière à Mumbai, Prabha voit son quotidien bouleversé lorsqu’elle reçoit un cadeau de la part de son mari qu’elle n’a pas vu depuis des années. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, cherche en vain un endroit dans la ville pour partager un peu d’intimité avec son fiancé. A l’occasion d’un séjour dans une station balnéaire, pourront-elles enfin laisser leurs désirs s’exprimer ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Comme l’indique le titre de ce long métrage All We imagine the light, Payal Kapadia, sa réalisatrice, dessine le rêve et l’espoir d’une vie plus libre plus juste en Inde pour les femmes. Sujet qui, en plus de son originalité filmique, lui a fait obtenir le Grand prix du jury, un coup de coeur féministe mérité.
Le cheminement intérieur de deux femmes, Anu et Prabha, infirmières et colataires, trace leur quête d’émancipation et d’amour. Et celà par des images sensorielles et colorées de la ville de Bombay ou par des paysages de rêve d’une forêt de bord de mer.
Ce film superbe et poétique, à visée sociale, confirme la compétence de la jeune Payal Kapadia, qui avait déjà reçu l’Oeil d’or au Festival de Cannes 2021, pour son documentaire Une nuit sans savoir.


Mumbai, anciennement Bombay, est « la cité des illusions », une ville trépidante, étouffante et bruyante. La réalisatrice Payal Kapadia nous la montre essentiellement la nuit. Les trois femmes circulent dans l’obscurité. Elles sont à la recherche d’un peu de lumière, chacune avec ses préoccupations. Entre poésie et réalisme, la réalisatrice défend les femmes qui n’ont pas droit à la parole et décrit leur quotidien avec délicatesse et pudeur. Prabha, femme solitaire, est l’épouse d’un mari parti travailler en Allemagne. Parvati, veuve, perd ce qui a été sa maison pendant 22 ans, tandis qu’Anu investit une relation passionnelle avec un musulman qui semble toutefois sans avenir. C’est en partie pour fuir Mumbai que Prabha et Anu acceptent d’accompagner Parvati lorsqu’elle quitte son emploi à l’hôpital et retourne dans son village natal sur la côte. L’atmosphère change. La lumière apparaît. Prabha est sollicitée pour ses compétences d’infirmière et imagine un nouvel avenir. Ce film romantique et mélodramatique est bien dans la tradition d’un certain cinéma.


Bombay, ville mythique, gigantesque, grouillante avec ses rues bordées d’étals de marché et de couleurs, emplie de bruits et d’odeurs. Ville de déracinés venus tenter leur chance. Il y a du travail et de l’argent ici, alors, pourquoi partir ?
Elles sont trois femmes, infirmières, d’âge et de conditions différentes, à se soutenir. Chacune porte le poids de leur solitude car les hommes semblent absents ou inaccessibles. A travers ces femmes, à la fois fragiles et décidées, admirables de courage, la réalisatrice Payal Kapadia nous décrit les déterminismes sociaux dans la société indienne, les mariages arrangés, les castes, les religions, autant de barrières qui semblent infranchissables.
Lorsqu’elles décident d’accompagner l’une d’entre elles au village, c’est comme un nouveau souffle, l’horizon s’ouvre sur la mer. Un autre avenir serait-il possible ? Choisir ou consentir de ne pas avoir le choix ?
A travers la grâce et la beauté de ces femmes, le titre très évocateur nous invite à nous poser la question pour nous aussi ? En quoi voyons-nous la lumière ?