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The Zone of Interest

Compétition Officielle
The Zone of Interest

Nationalité : U.S.A., Grande-Bretagne, Pologne
Genre : Guerre, Drame, Historique
Durée : 1h 46min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Jonathan Glazer
Acteurs principaux : Sandra Hüller, Christian Friedel, Ralph Herforth

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Depuis 1961, l’article des Cahiers du Cinéma intitulé De l’abjection, signé Jacques Rivette, nous dit qu’esthétiser l’horreur des camps, c’est en insulter les victimes. En ouvrant The Zone of Interest par un très long écran noir, ponctué d’une musique devenant discrètement dissonante, Jonathan Glazer renchérit : le hors champ est un axe du film, y reléguer l’horreur peut dire plus que la représenter. Allusion aussi, au passage, à une historique et coupable cécité face au génocide ?
Rudolf Höss, commandant d’Auschwitz, est un officier apprécié, bon père, bon époux ; Hedwig Höss règne sur une très confortable maisonnée qu’elle ne voudra à aucun prix quitter. Sur fond sonore d’ordres, aboiements, cris, coups de feu, souffle des fours, Hedwig fait sentir à Bébé des fleurs de son magnifique jardin – la cendre est un bon engrais ! La « normalité » des Höss questionne de façon effrayante notre propre normalité, laisse sans recours devant l’endoctrinement qui permet chez l’humain une telle insensibilité. Par un artifice filmique, le seul personnage de la maisonnée mettant en acte résistance et compassion, devient l’avatar quasi onirique d’un personnage de conte. Glaçant et édifiant.


Le paradis et l’enfer sont-ils voisins ? Il semblerait que ce fût le cas à Auschwitz. Tourné en langue allemande, le dernier film du réalisateur britannique Jonathan Glazer nous montre la vie – hors des murs du camp de concentration – de son commandant et de sa famille. Rudolph Höss est présenté comme un bon père de famille et un fonctionnaire du Reich zélé. À ses côtés, sa femme Hedwig jouit de ses privilèges et ne fait aucun cas de ce qui se passe derrière les palissades de sa jolie villa bien fleurie. Le camp est omniprésent, pourtant on n’y pénètre jamais mais on l’entend. Les images bucoliques, à peine troublées par la fumée des trains qui arrivent en arrière-plan, les sons des coups de feu et du travail forcé, ne concordent pas. Seule la cheminée incandescente des fours crématoires qui illuminent le ciel nuit et jour marque une présence maléfique.
La mise en scène oscille entre du très classique et des passages plus expérimentaux. Les écrans noirs ou rouges de transition et la musique plombante plongent le spectateur dans une gêne glaçante. La fin du film qui nous ramène vers le présent et la conscience de Rudolph Höss est plutôt intrigante. À la question de la banalisation du mal il n’y a pas de réponse.