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Rapito

L’Enlèvement
Compétition Officielle
Rapito

Nationalité : Italie, France, Allemagne
Genre : Drame
Durée : 2h 05min
Date de sortie : 25 octobre 2023 en salle
Réalisateur : Marco Bellocchio
Acteurs principaux : Barbara Ronchi, Filippo Timi, Fabrizio Gifuni

En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

On sort abasourdi… en se demandant quelle est la part historique dans ce qui nous est rapporté par Marco Bellochio. La réponse est sans appel : aussi bien le contexte politique – une période de monarchie papale réactionnaire, l’unification italienne en cours – que les grandes lignes de la vie d’Edgardo Mortara sont vrais : du baptême en secret par la nourrice, en passant par le procès et le fait que l’affaire a fait scandale en Europe, et jusqu’à sa volonté ultérieure de convertir sa mère.
La mise en scène est splendide, grandiose par moments pour appuyer le propos et l’absurdité. La musique orchestrale symbolise le faste et les excès de pouvoir. Le montage est sans répit.
Au-delà des faits, l’écriture et le jeu des acteurs nous mettent en présence de l’intensité du drame qui s’est joué alors, nous font ressentir la détresse de l’enfant comme de ses parents, le fonds de tristesse de l’adulte, l’incompréhension que sa démarche a pu susciter et peut encore susciter. C’est fascinant.
Même si le réalisateur se défend de toute visée idéologique, on pourra voir là une réflexion sur les dérives des régimes autoritaires.


Tout part d’un bon sentiment : un bébé qu’une servante baptise en secret car elle pense qu’il va mourir. Sauf que le petit est juif. Rapito de Marco Bellocchio est l’histoire de l’enlèvement de cet enfant, quelques années plus tard, par l’Église catholique pour qu’il soit éduqué au sein du Vatican. Le cinéaste italien nous plonge au cœur de l’Italie du milieu du dix-neuvième siècle et de ses soubresauts politiques et religieux. Le Pape Pie IX apparaît dogmatique et inflexible. Face à lui, le père de l’enfant subit le sentiment de culpabilité qui l’assaille quoi qu’il fasse. L’enfant, lui, ne se révolte pas. Est-ce par soumission ou par instinct de survie ? Toujours est-il qu’il grandit et jamais ne retourne vers sa famille ni ne rejette le catholicisme.
Le film ne donne pas la clé de l’attitude de cet enfant devenu homme, qui reste mystérieuse jusqu’au bout. Même face à sa mère mourante, il suscite l’incompréhension. Rapito offre un spectacle grandiose et bouleversant à la fois. La force de son scénario tient l’intrigue de bout en bout. Il exprime une critique sévère des institutions, l’Église ou la justice, et questionne le rapport à la mère à travers cette histoire méconnue. Le jeune Enea Sala, qui interprète l’enfant, déploie un jeu tout en sobriété et illumine d’émotions les nombreux gros plans sur son visage angélique.