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Le retour

Homecoming
Compétition Officielle
Le Retour

Nationalité : France
Genre : Drame
Durée : 1h50
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Catherine Corsini
Acteurs principaux : Aïssatou Diallo Sagna, Esther Gohourou, Suzy Bemba

Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s’occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L’opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques.
Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l’occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Après son film La Fracture en 2021, le festival de Cannes sonne « le retour » de Catherine Corsini avec la fracture sourde et enfouie d’un passé de souffrance, que l’humour et la tendresse, par effet de distanciation, nous permettent d’accepter.
La séquence précédant le générique nous cache une énigme : une mère sur un quai d’embarquement avec ses deux petites filles quitte la Corse et après un coup de fil, éclate en sanglots.
En tant qu’assistante maternelle chez Sylvia et Marc, un couple bourgeois débordé par leurs enfants, Khedidja (Aissatou Dialo Sagna si émouvante déjà dans le film La Fracture) revient 15 ans plus tard en Corse avec ses deux filles, Jessica et Farah.
Mené presque comme une intrigue policière, le scénario riche en rebondissements nous fait vivre au rythme des deux adolescentes. Jessica 18 ans, calme, secrète, studieuse, admise à Sciences Po, découvre son homosexualité ainsi que la drogue. Farah 15 ans, révoltée, indomptable et violente, deale sur la plage. Elles ont en commun la couleur de peau de leur maman d’origine africaine qui va leur valoir agressions, racisme, rejet et indifférence.
Catherine Corsini nous entraîne dans les thèmes qui lui sont chers, la différence de classe sociale, l’orientation sexuelle, la difficulté à communiquer et à s’intégrer dans cette Corse pourtant si belle et si sublime.


Un air de vacances en Corse dont l’atmosphère est bien rendue, pour mettre en scène l’éveil chaotique de deux adolescentes à la liberté. La question est abordée avec légèreté, comme un portrait de la jeunesse aujourd’hui. On ne peut cependant passer à côté des remarquables images d’une scène de fête où drogue et alcool font tourner la tête.
Mais le cœur du film est une réflexion sur le rapport mère-adolescentes. Dans le rôle de la mère, Khedidja, responsable, exigeante et aimante... Mais qui cache un – ou peut-être des secrets de famille. C’est là que le bât blesse. Dans le rôle de l’enfant-sage qui sait où elle va, Jessica. Dans le rôle de la révoltée qui cherche sa voie, Farah. Deux sœurs que tout opposent et qui vont, au gré de cet été, se soutenir, se rejeter, découvrir un autre rapport à l’autre et à leur mère. L’une voudra tout casser tandis que l’autre recimentera la famille... Une famille attachante qui quitte la Corse avec un brin de nostalgie, comme nous-mêmes quitterons la salle.


La famille, le racisme, les différences générationnelles : des « marronniers » en langage journalistique. L’originalité de ce long métrage a consisté à y mêler le lieu : la CORSE !
Avec ses codes. Le mensonge n’en fait pas partie. Mais l’on s’y arrange autrement. A partir de cela les portraits de ces jeunes femmes en prise avec moult interrogations (qu’elles tenteront de fuir) sont déclinés avec réalisme et subtilité.
Dans ce méli-mélo familial le secret de famille pèsera lourd sur les filles de cette maman, égocentrique au possible, qui a choisi de leur cacher la véritable personnalité de leur père. Ainsi elle aura privé celle de ses filles qui a décidé de mener seule son enquête, de rapports chaleureux avec sa grand-mère paternelle. C’est malheureusement trop souvent que les parents prennent un parti qui leur permet de sauvegarder l’image de leur couple, au détriment de la famille dans son ensemble.
Nous voilà renvoyés, grâce à un montage énergique, à nos idées préconçues.


L’Ile de Beauté est le décor du nouveau long-métrage de Catherine Corsini. Elle offre ses villages et ses plages à deux adolescentes de retour sur cette terre natale qu’elles découvrent. Elles forment un véritable duo malgré leurs différences. L’une est sage et brillante dans ses études tandis que l’autre, la plus jeune, est révoltée et se donne des airs de garçon manqué. Toutes les deux vont connaître l’amour à leur manière et se transformer dans la douleur. Car des souvenirs enfouis par leur mère vont remonter à la surface et créer la discorde.
« Les sages et beaux paysages font les Hommes sages aussi », dit la chanson. C’est aussi le cas ici où la Corse semble jouer le rôle de modérateur. S’il y a quelques invraisemblances et des faiblesses dans le scénario, le film offre un très beau portrait de deux jeunes filles en passe de devenir des femmes. Le ton des deux actrices qui les interprètent sonne juste et le cadre d’été ravivera sûrement les souvenirs d’adolescents enfouis en chacun de nous.