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L’Abbé Pierre - Une vie de combats

Hors Compétition
L'Abbé Pierre, Une vie de combats

Nationalité : France
Genre : Biopic, Drame
Durée : 2h18min
Date de sortie : 15 novembre 2023 en salle
Réalisateur : Frédéric Tellier
Acteurs principaux : Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz

Né dans une famille bourgeoise, Henri Grouès a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée Nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Une vie intime inconnue et à peine crédible. Révolté par la misère, les inégalités et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’abbé Pierre.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le biopic de Frédéric Tellier sur l’abbé Pierre ne commence pas par sa naissance mais par son entrée en religion chez les Capucins. Comme si sa vie réelle n’avait débuté vraiment qu’avec son engagement dans la foi. Et c’est bien d’engagement dont il sera question au cours de la longue vie d’Henri Grouès ; de son surnom d’abbé Pierre qu’il gagne dans la Résistance à ses coups de gueule médiatiques en passant par ses amitiés, voire ses amours, sans oublier ses zones d’ombres.
L’Abbé Pierre, une vie de combats offre un côté onirique dans les scènes d’introduction et de conclusion – célestes et hors du temps – et dans le flou des arrière-plans montrant le côté intérieur et spirituel du personnage. Ce n’est pas la seule originalité du film qui est émaillé d’inserts d’images d’archives sur des grands moments de l’histoire comme l’exode de 1940, la libération, l’hiver 54 ou les années 80. L’écran se partage même soudain comme pour exprimer la période où l’abbé Pierre se multiplie dans les médias.
Le film est porté de bout en bout par Benjamin Lavernhe qui signe là une belle prestation. La beauté grandiose des paysages filmés en plongée dans la forêt ou dans les montagnes du Maquis nous transporte au cœur de l’époque. La richesse de la photographie ne met que plus en valeur la vie de charité de celui qui fut, et demeure à jamais, l’avocat des pauvres.


« J’ai passé ma vie à combattre la faim, le froid, la misère, la solitude. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour aider les autres. Est-ce que cela a suffi ? Est-ce que j’ai réussi à changer un peu les choses ? ». C’est par ces propos que commence le film de Frédéric Tellier, retraçant soixante ans de la vie de l’abbé Pierre.

Relater soixante ans de cette vie était un pari ambitieux que le réalisateur relève avec talent, trente-cinq ans après la sortie d’Hiver 54. Frédéric Tellier rend hommage à celui qui fut surnommé « la voix des sans-voix » à travers une hagiographie édifiante retraçant la puissante trajectoire d’un combattant acharné contre la pauvreté.

Le cinéaste filme l’abbé Pierre à hauteur d’homme et réussit à réaliser, dans un film très concret, un portrait fort et complexe. Il choisit de mettre en scène les doutes, fragilités, souffrances, zones d’ombre, addiction aux médias, partis pris idéologiques, de cet homme hors du commun.

L’abbé Pierre a été guidé par le message de l’Évangile, affirmant la nécessité de croire au partage et à l’amour pour bâtir une société plus humaine. « La fraternité ne connaît pas de repos » disait celui dont l’engagement résonne encore aujourd’hui.