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Inshallah walad

Inshallah a boy / Inchallah un fils
Semaine de la Critique
Inshallah walad

Nationalité : Jordanie, France, Arabie saoudite, Qatar
Genre : Drame
Durée : 1h53min
Date de sortie : 31 janvier 2024
Réalisateur : Amjad Al Rasheed
Acteurs principaux : Mouna Hawa, Haitham Ibrahem Omari, Yumna Marwan

Jordanie, de nos jours. Après la mort soudaine de son mari, Nawal, 30 ans, doit se battre pour sa part d’héritage, afin de sauver sa fille et sa maison, dans une société où avoir un fils changerait la donne.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La séquence inaugurale, mise en jeu légère de l’impossibilité pour l’héroïne de se montrer au regard d’un passant, signe en fait le premier des interdits multiples qui engoncent le quotidien d’une femme dans une société patriarcale.
Après le décès brutal de son mari, afin de rester maîtresse de sa vie, d’un avenir pour sa fillette, Nawal endure un véritable parcours d’obstacles. Résister à l’assignation à domicile des veuves. Au beau-frère avide de récupérer les créances dont il se prévaut. Au diktat juridico-religieux qui, en l’absence de contrat signé et d’héritier mâle – le titre du film prend alors tout son sens –, la dépouille au profit de sa belle-famille. Résister aussi aux avances de plus en plus appuyées d’un collègue. Voici Nawal quasiment à la rue, coupée de sa fille… Est-ce plus idyllique dans la riche famille chrétienne qui l’emploie comme garde-malade auprès de l’aïeule ? Là aussi, il est de bon ton pour les femmes de se taire, de fermer les yeux.
Pour retarder l’inéluctable, défendre son indépendance, Nawal doit avoir recours au mensonge, anodin puis énorme. « Prie Allah, lui dit sa voisine, garde confiance… » Inchallah !
Le féminisme de ce premier film jordanien à Cannes est rassérénant, sa réalisation tout à fait prometteuse !


AMMAN. JORDANIE. Dans cette ville comme bien ailleurs dans le monde musulman, les femmes « tombent » encore sous le le joug de la « loi coranique ». Nous constatons et mesurons donc, nous européennes et chrétiennes, la chance qui est la nôtre d’avoir accès à la liberté : celle d’aimer, de créer, de travailler, et de lutter pour une « égalité » qui (nonobstant) reste à définir... La lutte entamée par l’héroïne afin de sauvegarder son héritage après le décès de son mari est effrayante. En effet, c’est seulement lorsque la veuve a eu un fils qu’elle peut disposer de leurs biens communs. Or elle a une une fille et l’appartement qu’ils avaient payé en commun revient donc à la famille du mari. Seule échappatoire : mentir, et grâce à une supposée grossesse gagner neuf mois pour trouver le moyen de conserver son patrimoine.
Sinon c’est la rue, et sa fille confiée à la garde de son beau-frère.
Le suspense perdurera jusqu’au dernier plan...
La sensibilité sans la mièvrerie nous offre un remarquable pamphlet. Mais quel impact peut-il avoir à Cannes quand il relève de la « politique » internationale ?


« C’est une histoire vraie de notre monde à destination de votre monde », c’est en ces termes qu’a été présenté le premier film jordanien à La Semaine de la Critique et peut-être même à Cannes. Pour son réalisateur aussi, Amjad Al-Rasheed, il s’agit là de son premier long métrage dans lequel il est question d’histoires de femmes. Dans un pays où le patriarcat domine, l’homme toujours s’impose, soit par sa violence soit par son absence. Même pour garder sa maison, après un veuvage, mieux vaut avoir un fils plutôt qu’une fille. Pour l’héroïne du film, les ennuis s’accumulent à la mort de son mari. Et elle ne trouvera le salut que par l’entremise d’un autre homme.
Le film est de facture classique et assez lent. Sa force est dans le message qu’il porte. Il dénonce les lois en vigueur en Jordanie, et par extension, dans le monde arabe. Les religions sont aussi mises en question. Toutes les religions, l’islam comme le christianisme. Centré sur la vie au quotidien de femmes jordaniennes, Inchallah un fils prend clairement leur parti et met en lumière leurs souffrances mais aussi leur résilience.