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Tori & Lokita

Compétition Officielle
Tori et Lokita

Nationalité : Belgique France
Genre : Drame
Durée : 1h28
Date de sortie : 28 septembre 2022
Réalisateur : Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne
Acteurs principaux : Pablo Schils, Joely Mbundu, Claire Bodson, Baptiste Sornin, Marc Zinga

Aujourd’hui en Belgique, un jeune garçon et une adolescente venus seuls d’Afrique opposent leur invincible amitié aux difficiles conditions de leur exil.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le jeune Tori est épatant ; il regorge d’idées, d’astuce et de débrouillardise. Lokita, en attendant ses papiers, fait preuve de courage et d’abnégation pour pouvoir envoyer de l’argent à sa famille restée au Bénin.
Tori et Lokita, se soutiennent d’une amitié sans faille traduite par des séquence de joie, de chant, de rires qui alternent avec l’adversité et l’acharnement d’exploiteurs véreux, le tout dans un rythme soutenu digne d’un film policier dont l’intrigue nous tient en haleine.
Dans ce film aux couleurs tantôt sombres, tantôt éclatantes, les réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne ne tombent à aucun moment dans le pathos, la sensiblerie ou le larmoyant mais laissent passer un message avec sobriété et efficacité, en incitant à accueillir dignement les migrants.


Les frères Dardenne signent un nouveau cri de colère, en embrassant ici à la fois les méfaits de la politique migratoire et de l’exploitation des enfants par le travail. Le scénario commence par une scène d’anthologie : l’entretien pour une demande d’asile, avec des questions précises à faire tomber toute histoire inventée... ou réelle, car qui peut se souvenir ? Le récit est condensé, en tension dès la première minute et sur la forme absolument abouti, mais avec un sentiment de déjà vu dans les films des Dardenne : on pressent les grandes lignes dès que le cadre est posé. La noirceur du propos dépasse sans doute celle de leurs films précédents, une nuance d’espoir ne l’affaiblirait pourtant pas ! L’intention du film est louable, mais pas sans risque : à vouloir embrasser tous les maux en même temps, en faisant de nos jeunes des dealers, pas sûr que tout le monde tire les mêmes conclusions.
Reste l’émotion face à ces deux enfants : leur belle amitié est lumineuse d’humanité, de douceur, de responsabilité. Lokita ne joue pas et c’est ce qui la rend si vraie, Tori est si vif, moins réaliste mais tellement touchant dans son rôle de frère futé !


Ils courent... dans tous les films des frères Dardenne, les héros courent.
Les frères Dardenne font une fois de plus un film social, fidèles à leur univers cinématographique. Ils abordent la question de la situation précaire de deux jeunes migrants qui se sont rencontrés sur un bateau de migrants clandestins. Avec ce film, les deux cinéastes nous offrent un suspense dramatique et psychologique avec des plans rapprochés sur les corps et les visages (d’ailleurs le film commence sur un gros plan du visage de Lokita et se termine sur un gros plan du visage de Tori). Des plans sur les visages sont une constante dans la filmographie des frères Dardenne. En effet leur cinéma est imprégné de l’analyse d’Emmanuel Levinas « le visage d’autrui m’empêche de tuer ».
Nous sommes avec ce film face à un constat d’un monde déshumanisé où le respect de la vie n’a plus grand sens, face à ces deux jeunes migrants vibrant de solidarité, d’empathie entre eux et de pureté.