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La Maman et la Putain

Cannes Classics
La Maman et la Putain

Nationalité : France
Genre : Drame Romance
Durée : 3h40
Date de sortie : 1972
Réalisateur : Jean Eustache
Acteurs principaux : Bernadette Lafont, Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun, Isabelle Weingarten, Jacques Renard

Alexandre, jeune oisif, vit avec (et aux crochets de) Marie, boutiquière sensiblement plus âgée que lui. Il aime encore Gilberte, étudiante qui refuse la demande en mariage qu’il lui fait en forme d’expiation. Il accoste, alors qu’elle quitte une terrasse, Veronika, interne à Laennec. « Je me laisse facilement aborder, comme vous avez pu le constater (…) Je peux coucher avec n’importe qui, ça n’a pas d’importance. » Marie accepte, quoique difficilement, de partager son homme avec elle.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Film culte du cinéma d’auteur des années 70, considéré comme un chef-d’œuvre, il a fait l’ouverture de la sélection Cannes Classics 2022. Tout le film est construit sur des conversations, des dialogues ou des monologues, cadrés en longs plans-séquences et en champ-contrechamp. Jean Eustache réalise son film en 16 mm et en noir et blanc, avec des choix dignes des films de Robert Bresson.
Présenté au Festival de Cannes 1973, La maman et la putain y obtint le Grand Prix du Jury, même si sa présidente Ingrid Bergman, avait été choquée par les propos crus des dialogues. La sexualité - dont l’avortement encore interdit à la sortie du film - y est abordée en toute liberté. Ce film très long se justifie par l’évolution psychologique des personnages principaux, notamment d’Alexandre.
La maman et la putain fait de nombreuses références à des réalisateurs : Murnau, Ray... On pense aussi à Rohmer, Godard, Pialat, avec les récits des états d’âme des protagonistes.


Plein de charme, instable, oisif, presque snob, presqu’enfantin, avec son élocution et son langage trop châtié , trop artificiel, Alexandre ne sait pas ce que c’est qu’aimer vraiment ; et c’est Véronika « la putain » qui va lui ouvrir les yeux : dans un magnifique monologue digne d’une tirade de tragédie classique, Véronika va nous livrer le fond de son cœur aimant, le fond de ses tripes et déclare avec une sincérité bouleversante son amour à Alexandre.
L’image en noir et blanc, la lumière en clair-obscur, les dialogues toniques nous livrent une lecture de cette société post 68, qui se cherche, qui se libère et qui s’exprime.