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Harka

Un certain regard
Harka

Nationalité : Tunisie France Luxembourg Belgique
Genre : Drame
Durée : 1h22
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Lotfy Nathan
Acteurs principaux : Adam Bessa, Najib Allagui, Salima Maatoug, Ikbal Harbi, Khaled Brahem

Harka est une parabole moderne sur la résistance. Ali, un jeune Tunisien rêvant d’une vie meilleure, vit une existence précaire en vendant de l’essence de contrebande au marché noir local. A la mort soudaine de son père, Ali doit s’occuper de ses deux soeurs et de leur expulsion imminente. Suivra un combat pour conserver sa dignité. La voix d’une génération tentant d’être entendue.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ali vit dans une construction abandonnée, il rêve d’émigrer en Europe. « On déteste tous la Tunisie » lui dit un de ses amis. Autant dire que ce film a un propos délibérément politique, 10 ans après le printemps arabe. La réalisation semble assez inspirée de Ken Loach, dans une transposition réussie sur le terrain social tunisien. Ici Ali est un trafiquant, il aspire à un vrai travail mais sans succès. Le voici confronté à l’obligation de prendre en charge de ses deux jeunes sœurs, à la menace d’être expulsés de leur logement, à son frère ainé qui les laisse tomber, au harcèlement de la police. Une succession de déboires s’impose à lui, dans une solitude totale. Sa capacité de résilience n’a qu’un temps, le rêve s’évanouit, la colère devient rage.
C’est le tableau d’un pays où tout s’achète, avec une police corrompue mais jamais questionnée. C’est un cri de colère contre un système, contre une société dans laquelle plus personne n’a d’état d’âme devant l’enfer de pauvreté que certains connaissent.
Le final est saisissant, on sort bien secoué, mais il faut aller voir ce film !


Un film sur les lendemains qui ne chantent pas du printemps arabe initié en Tunisie fin 2010. Alternent pour nous raconter le destin cruel d’Ali, jeune taiseux et obstiné, la voix off de sa petite sœur et des scènes qui nous donnent à voir la cruauté de la vie des démunis de la société tunisienne : pauvreté, trafics minables et dangereux, corruption, désespoir. Le film décrit par le menu la solitude absolue du jeune Ali, si extraordinairement incarné par Adam Bessa au mutisme éloquent et au désarroi grandissant. Personne ne peut (ou ne veut ?) l’aider, ni ses proches qui luttent également pour leur survie, ni son patron, ni la police qui le rackette, ni l’administration… absolument personne. La photographie de toute beauté, que la caméra s’attarde sur les paysages arides ou scrute le visage fermé d’Ali, la mise en scène fluide et une direction d’acteurs irréprochable contribuent à l’efficacité de ce film discrètement, mais absolument bouleversant.