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Onoda

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle
Un certain regard
Onoda

Nationalité : France Allemagne Belgique Italie Japon
Genre : Drame Guerre Historique
Durée : 2h47
Date de sortie : 21 Juillet 2021
Réalisateur : Arthur Harari
Acteurs principaux : Yûya Endô, Yuya Matsuura, Shinsuke Kato, Tetsuya Chiba (II), Kai Inowaki

Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Lieutenant Onoda : voilà un soldat, un vrai ! formé à la « bonne » école, c’est-à-dire la formation d’une élite triée sur le volet, sous les ordres d’un major charismatique.
Les options sont limitées : l’intégrité et ne pas mourir !
En serviteur zèlé, Onoda accomplit sa mission et nous sommes immergés dans la jungle avec lui et ses hommes, au plus près, sur une île loin du monde… et peu hospitalière.
Au rythme des années qui passent, le film nous permet de vivre avec ces hommes, qui ne sauront pas que la guerre est finie et vivront leur idéal jusqu’au bout...
Ils nous donnent une belle leçon de vie, de fidélité voire d’héroïsme, en autonomie dans la jungle (une réflexion sur nos modes de vie ?)
Journaux, radios se glisseront... pour interroger le rapport aux médias et leur vérité… le lien au monde qu’ils offrent.


C’est comme chef d’une petite troupe de soldats qu’Hiroo Onoda est envoyé en mission en 1944 sur une île des Philippines pour entraver l’avance de l’ennemi américain. Jeune soldat de l’armée japonaise, formé dans une milice secrète aux valeurs d’obéissance et d’intégrité, sans recherche de reconnaissance extérieure, il montrera une certaine écoute et empathie envers ses hommes. Mais sa folle abnégation patriotique, couplée sans doute avec une volonté de réussite dans sa mission, afin de combler un échec du passé, le conduiront à survivre 29 ans après la fin de la guerre ; se retrouvant progressivement seul hors du monde, à attendre de son propre ex-supérieur qu’il vienne le délivrer, enfermé dans ses certitudes jusqu’à croire à des complots plutôt qu’à la réalité – qui ne manque pas de lui parvenir (par ses proches, la radio).
Tragédie aussi troublante qu’absurde, qui invite à une réflexion sur l’importance du discernement pour éviter la radicalisation, et sur les dangers de l’entre-soi, qui peut fermer aux réalités extérieures.
Le film d’Arthur Harari nous offre chemin faisant, de très belles images d’une nature parfois hostile ; sa caméra sait capter de façon saisissante les personnages dans leur complexité et leurs émotions.


Arthur Harari nous offre avec son second long-métrage un voyage intérieur sur fond de récit de survie dans la jungle, récit mêlant histoire universelle et histoire intime. Le rapport père-fils est omniprésent dans cette œuvre, que ce soit à travers différentes figures d’autorité paternelle ou encore la relation avec son dernier « fidèle ». Le film se positionne entre classicisme et modernité, immersion et dépouillement, vérité historique et épopée intime. Onada nous pose des questions fondamentales : jusqu’à quel point devons-nous obéir ? Qui sont ces hommes qui décident de survivre dans la jungle ? Existe-t-il une logique dans leurs actes ? A quelles logiques obéissent-ils ? Par quoi sont-ils motivés ? Jusqu’où peut-on obéir ? Arthur Harari, le réalisateur, parle lui- même ainsi de son film : « une image extrême de la capacité qu’ont les hommes de se raconter des histoires, géopolitiques, idéologiques ou religieuses pour justifier l’injustifiable – une spécialité moderne dont nous héritons, où que nous vivions ». Nous pouvons y voir une réflexion sur la guerre, l’obéissance et l’héroïsme.