Primary Menu

La Fracture

Compétion Officielle
La fracture

Nationalité : France
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h38
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Catherine Corsini
Acteurs principaux : Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai

Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La fracture, c’est à la fois celle de Raf (Valeria Bruni Tedeschi), provoquée par accident et qui la conduit aux urgences, et celle des français évoquée par la fronde des gilets jaunes. Dans le contexte un peu glauque et anxiogène des urgences de cette nuit-là, où la pression ne cesse de monter, Catherine Orsini dresse un tableau plus vrai que nature de ce qui s’y joue : ce sont les vérités qui sortent, les ruptures et les réconciliations, les rencontres inattendues avec parfois des confrontations exacerbées par la peur et la colère. Les urgences sont un lieu où peut se révéler le pire (aveuglement, violence...) ou le meilleur (abnégation, empathie, solidarité, courage...) dans le rapprochement que procure l’adversité. Le film est aussi et surtout un bel hommage aux soignants des urgences (en particulier avec le beau personnage de Kim), au dévouement et au sang-froid dont ils ont besoin en situation de stress.
Avec un scénario cohérent, des images efficaces parfois proches du documentaire mais sans longueurs, de bons interprètes principaux qui donnent corps au récit en alternant des touches d’humour et d’émotion, La fracture offre un condensé d’humanité.


Une nuit pas comme les autres ou presque, au cœur des urgences d’un hôpital parisien, alors que la manifestation des gilets jaunes dehors dérape. Une nuit où tout est palpable : la colère, la souffrance, le trop-plein, la violence des coups, des mots, des situations mais aussi l’entraide, le soutien, le dévouement, la conscience professionnelle du corps médical... et les rencontres improbables... peut-être pas tant que cela.
Les sirènes incessantes du Samu, le rythme effréné des soignants, les portes qui claquent, les cris des malades, les larmes... pas seulement dues au gaz lacrymo, pourraient nous couper le souffle.
Au lieu de cela, le film ne cherche pas tant à expliquer qu’à nous entraîner dans la réalité des vies de chacun, et savamment avec beaucoup d’humour et de rocambolesque, nous fait traverser le tragique avec des éclats de rire.


Le film est une dénonciation efficace, même si par moments un peu didactique, d’un pouvoir sourd au désespoir des laissés-pour-compte de la société et aux demandes des soignants à bout de fatigue, le tout sur fond de violence policière. Mais en même temps, c’est une comédie fort allante avec des scènes d’une ébouriffante drôlerie. Beaucoup de rythme, une ambiance fiévreuse, des rencontres improbables, des histoires qui s’entrecroisent, celle de la rupture annoncée entre les personnages joués par Marina Foïs et Valeria Bruni Tedeschi qui se fait décidément une spécialité de l’amoureuse collante et borderline, celle du camionneur (Pio Marmaï) qui cache son grand cœur sous des coups de gueule, celle des personnels soignants (merveilleuse Aïssatou Diallo Sagna) dévoués et héroïques, etc... Une caméra virevoltante, beaucoup de plans serrés, les urgences hospitalières, tantôt cocon tantôt prison, arpentées en tous sens tandis qu’au dehors « c’est la guerre » comme le dit un personnage. Un film ardent et généreux et qui réussit, grâce à l’abattage des acteurs, à nous émouvoir autant qu’à nous faire rire.