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Ha’berech

Le Genou d’Ahed / Ahed’s knee
Compétition Officielle
Ha'berech

Nationalité : France Allemagne Israël
Genre : Drame
Durée : 1h40
Date de sortie : 15 septembre 2021
Réalisateur : Nadav Lapid
Acteurs principaux : Avshalom Pollak, Nur Fibak

Y., cinéaste israélien, arrive dans un village reculé au bout du désert pour la projection de l’un de ses films. Il y rencontre Yahalom, une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette désespérément dans deux combats perdus : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le film s’ouvre sur une superbe séquence de pluie torrentielle qui s’abat sur un motard en déformant les bâtiments qui ondulent sous le prisme de la visière de son casque. Ce motard est une jeune palestinienne venue se présenter à un casting. Elle s’appelle Ahed.
Le réalisateur Y. notre protagoniste, vient projeter un de ses films dans le désert d’Israël, où l’attend Yahalem auprès de laquelle il va déverser tout son cri de rage.
Nadav Lapid nous attend avec une technique libre et maitrisée : dans un panoramique vertical hallucinant, la caméra cherche à atteindre le ciel tandis que notre protagoniste déambule dans le désert, casque aux oreilles, lors d’une superbe scène musicale où Vanessa Paradis chante son Be my baby. Puis il nous convie à une danse, est-ce une danse de la mort : tout le paysage danse et l’accompagne dans un panoramique circulaire époustouflant.
Magistralement interprété par Avshalom Pollak, Y. crie son écœurement devant ce régime quasi totalitaire où le « ministre de l’art n’aime pas l’art ».
Son cri douloureux est celui de la révolte tandis que la caméra tourne au plus près de son visage dans un plan serré circulaire, s’arrêtant sur chaque partie de son visage, ses yeux, ses oreilles, son cou, sa bouche, ses dents comme pour mieux décrire la souffrance de chaque partie de son être face à ce manque de liberté.


Film dérangeant, par sa forme et par son propos. Par sa forme car il joue de différents registres de mise en scène, et par son propos : une critique agressive des dirigeants israéliens actuels. Son héros, double du réalisateur excellemment joué par Avshallom Pollak, est un cinéaste d’avant-garde qui sème confusion et désespoir chez une responsable des bibliothèques qui l’accueille, dans une petite ville du désert israélien, à l’occasion d’une projection d’un de ses anciens films. Le film est à la fois un cri de colère contre la politique israélienne actuelle et un cri d’amour pour la terre d’Israël. Cris qui donnent lieu à différents styles de narration – chorégraphies d’épisodes militaires, dialogues sur la posture du cinéaste et la situation politique, moments de méditation - et de filmage - tantôt plans très rapprochés des visages et tantôt larges plans panoramiques du désert, tantôt agitation incessante de la caméra dans des moments de violence et tantôt belles images apaisées des paysages. Le spectateur sort du film un peu sonné, ce qui est peut être l’objectif du réalisateur. Il suscite inévitablement des réactions contrastées...