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Annette

Compétition Officielle
Annette

Nationalité : France, Mexique, U.S.A., Suisse, Belgique, Japon, Allemagne
Genre : Comédie musicale Romance Drame
Durée : 2h20
Date de sortie : 6 juillet 2021
Réalisateur : Leos Carax
Acteurs principaux : Adam Driver, Marion Cotillard, Simon Helberg, Rila Fukushima, Kiko Mizuhara

Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Comme le dit Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, « le cinéma de Carax relève de ces gestes puissants et de ces alchimies mystérieuses qui font le secret de la modernité et de l’éternité du cinéma ».
Pour son sixième long-métrage, le premier tourné en anglais, le cinéaste français s’est inspiré d’un scénario écrit par Ron et Russel Mael, fondateurs du groupe Sparks, qui ont composé la bande son originale. Annette est donc un vrai film musical. Film inspiré, éblouissant, le film fait « vibrer », images, plans-séquences virtuoses, musique (chansons pop, airs d’opéra, glam rock...) effets sonores et visuels, mise en scène le confirment, ainsi que certaines phrases « Nous nous aimons tellement. » Dès le début du film un silence jusqu’à cette phrase « aucune respiration ne sera tolérée pendant le spectacle », ainsi que la première séquence totalement époustouflante. Cette œuvre nous questionne, Ann et Henry ont tout pour être heureux, pourtant chacun à leur façon exprime leurs doutes, leurs tourments, leurs désirs, leurs peurs. Les sentiments submergent l’écran, des références artistiques et culturelles, à travers le cinéma, la peinture... A travers des références à des mythes antiques, comme à l’actualité contemporaine, Léos Carax nous offre t-il un conte lyrique à travers une magnifique déclaration d’amour d’un père à sa fille ou bien l’exploitation des talents d’un enfant ?


Comment traiter avec autant de poésie, un sujet - voire des sujets -, si délicats à aborder ? C’est à l’aide d’allégories, de métaphores et de paraboles que, dans un festival de couleurs et de sons, le réalisateur nous entraîne dans une folle farandole. Le message délivré grâce à la comédie musicale l’est dans l’allégresse, l’harmonie et le partage. Mais rivalité qui s’installe dans un couple conduit au drame. Il aurait pu être banal. Mais c’eût été sans compter avec l’imaginaire qui permet de passer de l’enfant « roi » à l’enfant « jouet » au sens propre comme au sens figuré. Séduction, emprise et manipulations de toutes sortes révèlent une immense détresse masculine liée - entre autres - aux dérives qu’engendre un ego surdimensionné, et bien sûr à la faille affective familiale. Le choix détonnant d’un groupe de musiciens des années 1974 pour la bande si sonore, et celui de la technique des superpositions au montage, achèvent de brouiller les pistes. Pour aller où ? Au plus noir de l’individu.


« Le monde entier est un théâtre » disait Shakespeare, dans sa pièce Comme il vous plaira et cela sied à merveille au dernier film de Léos Carax, Annette. A la fois réaliste et fantastique, le film tourne autour du thème du double et nous amène de l’autre côté du miroir des apparences. Le personnage principal, Henry McHenry, est à la fois ange et démon. Il est interprété de façon magistrale par un Adam Driver qui déploie toutes les palettes de son jeu d’acteur. Marion Cotillard lui oppose la beauté et la fragilité de son personnage, Ann, une chanteuse d’opéra à la voix enchanteresse. Annette, leur fille, est le double de sa mère, triste marionnette jusqu’à sa libération de l’emprise de son père. Le film qui est une comédie musicale parle à un public américain et mondial en intégrant l’actualité récente, des joueurs de football à genou à l’affaire Weinstein. Filmé comme un opéra moderne, la scène est omniprésente et les figurants sont partie prenante des chants et de la comédie. Le rire et la mort s’entremêlent et amènent à la dénonciation des maux de notre temps : le monstre qui se cache derrière le visage de l’artiste.