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The dead don’t die

Film d’Ouverture
The dead don't die

Nationalité : U.S.A.
Genre : Comédie Epouvante-horreur
Durée : 1h43
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Jim Jarmusch
Acteurs principaux : Bill Murray, Adam Driver, Chloë Sevigny, Tilda Swinton, Selena Gomez

Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quand les zombies de « Shaun of the Dead » rencontrent le sabre de « Kill Bill » et le style de Romero, on obtient un sacré cocktail qui s’intitule « The dead don’t die ». Giclées de sang et morsures de zombies viennent ainsi rythmer le quotidien d’un petit village étatsunien qui semblait trop tranquille. Jim Jarmusch nous dépeint des zombies affamés dans un but précis, véritable reflet de notre société avide de ses addictions passées. Lenteur psychologique à la David Lynch et références à la pop culture (Star Wars, Matrix…) font de ce film un savoureux mélange entre absurde, ironie et hommage au cinéma de genre. Tom Waits, en narrateur ermite, et Tilda Swinton, en gérante de pompes funèbres, sont exceptionnels dans de véritables rôles de composition. Le Festival de Cannes s’ouvre de manière audacieuse et nous rappelle ce que certains utiliseront comme adage pour cette quinzaine : « Fun is not dead ».


C’est une ouverture de festival en douceur auquel nous avons eu droit. Entouré d’un casting XXL, Jim Jarmusch revient avec un vrai film de genre inspiré des plus grands, et l’intention de développer un message écologique. Les références aux grands classiques et à la culture populaire sont nombreuses (Nosferatu, Kill Bill, Only Lovers Left Alive, Rencontres du troisième type, Georges Roméro…) et on sent bien que le réalisateur a pris du plaisir à faire son film. Cependant on a l’impression parfois qu’il n’a pas pu y passer le temps qu’il aurait dû ; les personnages secondaires ont tous un potentiel fou et auraient mérité un développement, mais la plupart des arcs narratifs ne sont pas conclus (les trois adolescents qui s’enfuient du centre et que l’on ne revoit plus jamais par exemple). Dommage donc, d’osciller entre des détails subtils et bien distillés avec des passages écrits à la va-vite sans grand intérêt. Dans l’ensemble on passe un bon moment et la photographie est un vrai atout, mais peut-être vaut-il mieux retourner voir certains anciens films de Jim Jarmusch pour bien se rendre compte de son talent.


Certes je ne m’attendais pas à voir, comme le prophète Ezéchiel, des ossements desséchés retrouvant nerfs, chair et esprit dans le souffle divin, mais je ne pensais pas non plus savourer autant l’humour de cette histoire d’horreur que Jim Jarmusch pousse à l’excès, à tel point qu’elle devient presque supportable et irrésistible.
Certes il n’y met pas la poésie de son film « Paterson », mais il règle avec soin la musique de façon appropriée : la contrebasse angoissante et puissante annonce dès l’introduction l’ambiance inquiétante de fin du monde et nous replonge dans l’angoisse latente de « Melancholia » de Lars van Trier.
L’axe modifié de la terre entraîne des dérèglements de la nature, des lois physiques, des humains eux-mêmes, qu’ils soient morts ou vivants, mais seul, le vieux sage de la forêt garde « la tête sur les épaules », tandis que les morts-vivants déambulent dans une transe inextinguible, rappelant moins la danse macabre médiévale que la chorégraphie vivante de Pina Bausch.


Avec humour et panache, Jim Jarmusch reprend les éléments du film d’horreur pour les subvertir au service d’une fable écologique. Contrairement aux usages, cela se termine mal. Comme notre avenir écologique ? Le jeune policier le répète à l’envi : cela va mal finir. Mais c’est parce qu’il a lu le scénario -humour décalé qui fait sourire le spectateur.
Ce sont les humains qui, en fracturant les pôles, ont déplacé l’axe de rotation de la terre et dérangé les morts dans leur mort. Les autorités nient les faits, évidemment - l’allusion politique est évidente. Les scènes de combat avec les zombies sont horribles à souhait, mais trop répétitives et on finit par se lasser un peu. Et la scène finale n’est plus vraiment dans le ton : le vieil ermite déclare que les morts ne trouvent pas de repos parce qu’ils ont perdu leurs âmes dans leur course vers toujours plus de consommation. C’est autre chose que d’être réveillé du repos éternel par un changement de l’axe terrestre. Mais on passe un bon moment et tout ce qui peut éveiller la conscience écologique est bon à prendre.