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Sorry We Missed You

Compétition Officielle
Sorry We Missed You

Nationalité : Grande-Bretagne Belgique France
Genre : Drame
Durée : 1h40
Date de sortie : 2018
Réalisateur : Ken Loach
Acteurs principaux : Kris Hitchen, Debbie Honeywood, Rhys Stone, Katie Proctor, Mark Burns

Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais !


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ken Loach explore à nouveau un de ses thèmes de prédilection : le travail des temps modernes dans les milieux pauvres d’Angleterre. Nous sommes dans la ville de Newcastle. Le travail à la chaîne des anciennes usines est remplacé par le travail au rendement, tout aussi déshumanisant, qui harcèle, qui asservit, qui humilie, qui effrite petit à petit les corps, les relations humaines et la vie familiale.
Ricky est embauché par une plateforme de livraison. Non pardon : il n’est pas embauché mais franchisé... et prend tous les risques. Il n’a pas le choix. Sa femme Abby soigne les personnes âgées à domicile. Tous deux sont emplis de courage, de bienveillance, ne comptent pas leurs heures et ont toujours l’espoir d’une vie meilleure pour eux et leurs deux enfants. C’est sans compter sur les embûches, les dettes, la fatigue morale et physique, et chaque fois ils se relèvent, repartent, vacillants...
Nous les suivons pas à pas, terrifiés par l’impuissance.
Ça va aller ? Oui mais jusque quand ?


Le titre est ironique : on pourrait croire que quelqu’un écrit vraiment à quelqu’un d’autre qu’il lui manque. Mais il s’agit d’un message pré-imprimé que les livreurs laissent au destinataire si celui-ci est absent lors d’une livraison. Le ton est donné. Il s’agit d’une dénonciation féroce du système d’exploitation impitoyable de la main d’œuvre. On adore Ken Loach. Il nous redonne foi en l’humanité. Ses personnages, malmenés par la vie, victimes d’une mauvaise fortune qui semble s’acharner contre eux, restent intègres, droits, et même gentils. Même s’ils dérapent, comme le père qui gifle son fils, c’est parce qu’ils sont excédés par trop de choses à supporter. Ces personnes existent – s’ils étaient tous comme ça, un avenir serait possible. Mais malheureusement, la réalité sociale est plus complexe, ni bonté ni méchanceté ne se distribuent selon des classes sociales. Il faudrait modifier la maxime communiste : « gentils de tous les pays, unissez-vous ! »