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Roubaix, une lumière

Compétition Officielle
Roubaix, une lumière

Nationalité : France
Genre : Thriller Drame
Durée : 2h00
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Arnaud Desplechin
Acteurs principaux : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz

À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

On pourrait ranger ce film dans la catégorie hagiographique. En effet, quel être humain est capable de vivre dans un tel environnement de pauvreté, de violence, de désœuvrement, tout en restant calme et bienveillant, d’une sollicitude à toute épreuve, si ce n’est un saint ? Ce commissaire, en serait-il le nouvel archétype ? D’autant que le nouveau qui vient d’arriver prie plusieurs fois, demandant que Dieu lui donne la force de pardonner. Sans doute faut-il être également saint pour intégrer l’équipe.

A l’heure où l’on parle beaucoup de violences policières, mais aussi de suicides de policiers soumis à trop de pression, ce film nous donne peut-être un bout de réponse : oui, il faut être saint. Mais tant que seuls des saints sont en mesure de gérer la situation, je crains fort que nous ne nous en sortirons pas.


Roubaix : ville où 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
L’histoire se déroule dans un commissariat le jour de Noël. Nous pourrions nous attendre à ce que Arnaud Desplechin traite de la criminalité dans le secteur.
Au lieu de cela, c’est d’abord la personnalité du commissaire Daoud qui nous subjugue et force notre admiration.
Il a grandi dans cette ville, connaît les quartiers et les gens ici et fait preuve d’une empathie absolue. Pour chaque délit, chaque arrestation, chaque plainte, il prend le temps qu’il faut, pour soutenir, rassurer, creuser, d’une voix et d’une posture étonnamment calmes et rassurantes...
Nous suivons l’enquête du meurtre d’une vieille dame dans laquelle deux jeunes filles, paumées et alcooliques sont arrêtées. Avec une patience et un respect infini, sans jugement, il mène les interrogatoires pour comprendre leurs terreurs. Et éveille en nous sollicitude et compréhension.

« Comment fait-on avec la misère ? » lui demande son jeune collaborateur. « On la supporte et quelquefois on voit la lumière ».
Ce film est une vraie lumière sur l’humanité.


Roubaix, une lumière... lumière sombre de pauvreté et de misères humaines, que le commissaire Daoud, protagoniste principal remarquablement incarné par Roschdy Zem, aime néanmoins comme son sang venu d’ailleurs. Un commissaire un peu trop parfait peut-être... mais il est bon de rendre hommage à la police dans ce qu’elle a de meilleur, après Les Misérables, autre bon film du festival dont le propos est un peu à l’opposé.
Après une première partie presque documentaire sur le terrible quotidien d’un commissariat de quartier difficile, Arnaud Desplechin nous emmène sur une véritable enquête policière... dans les coulisses d’une garde à vue pas vraiment tendre. Il met en lumière les méthodes d’interrogatoire courantes. Un scénario limpide mais qui manque peut-être un peu de suspense.
Et puis... le développement de l’enquête nous entraîne sur le sentiment inattendu d’une certaine compassion pour des criminelles ! Parce qu’elles ont dérivé, elles passent à côté de leur existence... La justice passe, légitimement, et nous voyons un début de retournement. C’est la force du cinéma que de nous faire sortir de ce qui est convenu pour réfléchir.