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Les misérables

Compétition Officielle
Les misérables

Nationalité : France
Genre : Drame
Durée : 1h40
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Ladj Ly
Acteurs principaux : Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga

Stéphane intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il fait la rencontre de ses nouveaux coéquipiers et découvre les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ladj Ly, auteur du documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil qui dressait le bilan des émeutes ayant secoué la France en 2006, avait filmé alors le passage à tabac d’un jeune habitant par la police. Dans Les misérables (qui fut d’abord un court métrage, nommé aux César en 2018), il va plus loin et épouse tour à tour le regard des policiers et des jeunes de la cité. Regards tous deux insoutenables. La référence à Victor Hugo est explicite, sauf que le film se limite à un constat, sans perspective, sans issue. La citation de l’épilogue accuse ceux qui crée de telles situations, mais celles-ci étant installées, aucun espoir ne semble permis. Quand deux hommes de factions opposées décident de se parler, il peut y avoir un répit, mais celui-ci est vite emporté comme par un tsunami par les rancœurs accumulés de part et d’autre. On ne sort pas indemne de ce film.


Comment gâcher la liesse de la victoire française à la coupe du monde ? Les Misérables est l’histoire d’un immense gâchis, celui de nos banlieues.
Ladj Ly décortique ici les mécanismes à l’œuvre : la violence endémique, les méthodes de la police dans ce contexte difficile - pour être présent, ramener le calme, interpeller. Lui qui a vécu les descentes régulières de police dans sa cité, il est sans complaisance ni pour les voyous, ni pour la police, ni pour les « tuteurs de cités » sans statut légal.
Sans être complètement à charge, le film se veut cependant cri de colère contre la grossièreté de certains fonctionnaires, contre des méthodes policières parfois violentes, contre le système d’autoprotection de l’institution lorsqu’elle dérape. Un film dur à voir, dur à admettre peut-être même, qui laisse sans doute trop peu de place à l’espoir.
Mais il y a encore des misérables aujourd’hui... Ils ont changé de visage… mais cela nous préoccupe-t-il au quotidien ? Ce film était nécessaire, et espérons-le il fera bouger les choses !