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Zimna Wojna

Guerre Froide / Cold War
Compétition officielle
Zimna Wojna

Nationalité : France Pologne Grande-Bretagne
Genre : Drame Romance
Durée : 1h24
Date de sortie : 2017
Réalisateur : Pawel Pawlikowski
Acteurs principaux : Joanna Kulig, Agata Kulesza, Tomasz Kot, Borys Szyc, Jeanne Balibar

Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

A l’image de cette histoire d’amour nous retrouvons le noir et blanc si cher à Pawel Pawlikowski (cf.Ida) à la fois esthétique, dramatique et si intense.
Wiktor recrute des élèves pour une future école de musique et de danse. Il est pianiste et chef d’orchestre. Zula issue du monde rural, postule. Ils vont s’aimer d’un amour fou, fulgurant.
Lorsque Wiktor décide de fuir la Pologne communiste pour Paris, Zula n’est pas au rendez-vous. Dès lors ils n’ont de cesse de se chercher, de se retrouver . De son côté, il s’intègre au milieu artistique et culturel parisien. Lorsqu’ enfin, elle le rejoint, elle n’y arrive pas ; le couple souffre. La question est de savoir où l’on habite ?
Nous suivons leurs pérégrinations, leurs désirs de liberté et leur envie de vivre. Nous passons plusieurs fois les frontières et acceptons les compromissions. Mais jusqu’où faudra-t-il aller pour qu’enfin ils se retrouvent vraiment ?


Le réalisateur a voulu transcrire la relation compliquée entre ses parents qu’il n’a jamais comprise. Mais peut-on jamais comprendre l’amour ? C’est le 2ème film de la sélection officielle à associer noir/blanc, pays de l’est et musique, quelques décennies en arrière.
Le noir et blanc est très beau, le format presque carré, la musique est sublime, la relation à la fois amoureuse et artistique folle à souhait. La même exigence d’absolu sous-tend les deux, l’amour et l’art, et engage les deux protagonistes dans un combat autant que des étreintes. Le tout sur fond de guerre froide présente en filigrane, vue surtout pour son impact sur la vie intime. Mais le rideau de fer n’est pas la seule frontière que les amants ont à traverser, plusieurs fois et dans les deux sens.


Tout le romantisme et le pathétisme de l’âme slave capturés dans un film en noir et blanc, voilà la jolie réussite du réalisateur polonais. Wictor et Zula s’aiment, passionnément, mais ne conçoivent pas la réalité de la même manière. Pour lui, la musique doit être libre. Pour elle, ce n’est qu’un outil permettant un avenir glorieux. Leur histoire n’en sera que plus belle. S’aimer, se trahir et se pardonner de la Pologne à la France, entre musique folklorique et jazz post-guerre.

Tout est sous-entendu, à la fois dans la pudeur silencieuse des protagonistes mais aussi dans le détail des clairs-obscurs. Chaque scène est construite comme une partition, l’ensemble donnant une symphonie tragique entre deux mondes totalement opposés, le Varsovie communiste et le Paris bohème des années cinquante. Les amateurs de musique et d’esthétique apprécieront : "Allons de l’autre côté, le paysage sera plus beau". Somptueux.