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Uchenik

Un Certain Regard
Uchenik

Nationalité : Russie
Genre : Drame
Durée : 1h58
Date de sortie : 2015
Réalisateur : Kirill Serebrennikov
Acteurs principaux : Viktoriya Isakova, Petr Skvortsov, Julia Aug, Aleksandr Gorchilin, Aleksandra Revenko

Veniamin, un adolescent pris d’une crise mystique, bouleverse sa mère, ses camarades et son lycée tout entier, par ses questions.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film entend dénoncer l’influence grandissante de la religion en Russie, devenue selon le réalisateur "la seconde idéologie officielle." Une mise en scène efficace, privilégiant les plans séquences, usant de plongées et de contre-plongée (parfois au sens propre du terme) tient le spectateur en haleine. Les dialogues sont nourris d’extraits de la Bible dont la référence est toujours indiquée mais que Venia, le héros, détourne de leur sens.

S’agit-il vraiment de religion ? Venia refuse de rentrer dans le bercail orthodoxe. Plutôt que mystique n’est-il pas un apprenti manipulateur redoutablement intelligent et découvrant son pouvoir de nuire ? Le film frôle par moment le fantastique comme Venia la folie. De qui est-il le disciple si ce n’est de sa propre interprétation de la Bible ? A moins que le titre du film ne désigne Gricha, son seul ami... qui le paiera cher. Quelles seront les prochaines victimes ?


Film très énergique. Vania, grand lycéen, se révèle être un effrayant intégriste religieux qui agresse en particulier sa professeure de biologie. Sa Bible toujours à portée de la main, il excelle à en extraire les citations les plus déroutantes pour affirmer ses lubies, fustiger et menacer qui lui déplait, ou pour alimenter ses haines - homophobie, misogynie, antisémitisme.
La professeure se bat courageusement, mais seule, contre cet excité violent. La dimension la plus forte du film est en effet la passivité, voire la complicité, avec laquelle les adultes responsables assistent aux débordements du jeune homme. Sa mère, on n’en est pas surpris ; mais le pope, ne devrait-il pas faire plus ? Quant à la principale du lycée et aux collègues de l’enseignante, il sont montrés plus à l’aise avec les délires de Vania, qu’avec les convictions scientifiques de la professeure !
Est-ce un virage dangereusement prononcé de la société russe que dénonce Serebrennikov ? Nous savons en tous cas que bien des enseignants de nos banlieues sont confrontés à ce type de manipulation fondamentaliste au service de l’obscurantisme.