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Self Made

Semaine de la Critique
Self Made

Nationalité : Israélien
Genre : Drame
Durée : 1h29min
Réalisatrice : Shira Geffen
Acteurs principaux : Sarah Adler, Samira Saraya , Doraid Liddawi

Self Made raconte l’histoire de deux femmes – l’une israélienne, l’autre palestinienne – confinées dans leurs mondes respectifs. Après une confusion à un point de contrôle, elles se retrouvent à vivre la vie de l’autre, de part et d’autre de la frontière.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le mérite du cinéma israélien est de créer un espace de critique et de liberté d’expression dans un pays confronté à un conflit interminable et cruel. Cette affirmation se vérifie dans la grande majorité des films produits par ce petit pays, et il me semble également avec ce nouvel opus de Shira Geffen qui, en 2007, nous avait séduit avec Les Méduses. Le style " poétique", à la manière "des contes", comme le dit la réalisatrice, confine parfois au fantastique et même au burlesque. Tout commence par l’effondrement d’un lit où dorment l’israélienne et son mari, dans un bruit terrifiant ( tellement fort que l’on croit à l’explosion d’une bombe !). Sarah va s’occuper d’en acheter un autre sur le Net auprès d’une sorte d’ IKEA israélienne, les coups de fil avec le service après-vente (qui a du mal à comprendre le problème rencontré par Sarah : il manque une vis qui bloque le montage) rendent la situation de plus en plus intenable à cette femme dont le mari est en voyage. C’est la vis qui va nous mettre en contact avec Samira, la palestinienne, sa vie de part et d’autre de la "frontière", matérialisée par les check-points, une vie de cauchemar et de vexations. Peu à peu l’action va faire se substituer de manière surprenante une femme à l’autre ! De part et d’autre de cette frontière imposée par la politique, il sera question d’identité et de paix, oui, oui...Il faut être audacieux pour exposer une telle situation. Et c’est réconfortant !


Je pense avoir compris : il s’agit de montrer l’absurdité de vies tronquées par l’insurmontable division entre Israël et Palestine, et combien cela est regrettable, car nous sommes tous pareils. Le parti-pris est de faire cela sur le registre de l’humour : c’est un pied de lit cassé dans un vacarme d’attentat qui jette l’artiste israélienne hors d’elle-même, et une vis égarée du lit de remplacement qui met l’employée palestinienne hors-jeu à son tour. Par des circuits scénaristiques alambiqués qui traversent un poste de contrôle entre les deux pays, dont le labyrinthe matériel est parallèle au labyrinthe organisationnel du fournisseur de lits par Internet, elles se retrouvent chacune à la place de l’autre, ce qui ne dérange pas leurs familiers, car nous ne sommes pas dans le platement réaliste.

Mais les bonnes intentions ni les lourds symboles n’ont réussi à me convaincre, je me suis ennuyé, sans voir ce que ce film ajoutait à ceux qui ont déjà traité le sujet.