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Hippocrate

Hippocrate

Nationalité : Français
Genre : Comédie Dramatique
Durée : 1h42min
Date de sortie : 3 septembre 2014
Réalisateur : Thomas Lilti
Acteurs principaux : Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Que de souvenirs ! Le film capte merveilleusement l’atmosphère à l’hôpital, l’angoisse du jeune interne – ou plutôt ’FFI’ : faisant fonction d’interne – devant la responsabilité qui lui incombe, l’angoisse des patients devant l’issue incertaine de leur maladie, ainsi que les relations à l’intérieur de l’équipe soignante, régulièrement mise à l’épreuve par des cas plus difficiles que d’autres. Tout y est, sauf peut-être le cas de la jeune fille FFI qui se fait draguer par le patron.

Vincent Lacoste est très convaincant dans le rôle du jeune FFI à la recherche de sa place, privilégié par le fait que son père est le patron du service (Jacques Gamblin magistralement paternel), mais en même temps si fragile. L’administration froide, insensible à l’humain – ce ne sont pas des soignants ! – sonne juste également. Face à un problème, elle cherche un bouc émissaire, comme souvent, et ce sont toujours les plus menacés qui trinquent.

Le coup d’éclat final souligne ce qui est vital dans ce milieu : ce métier si difficile – assimilé à juste titre à un art – se nourrit d’empathie et de solidarité.


Thomas Lilti n’a pas 40 ans et il s’agit de son second long métrage, 7 ans après le premier : la vie est dure aux jeunes réalisateurs ! Il est médecin et cinéaste, deux métiers d’équipe qu’il pratique avec passion, conscient que leur grande différence est dans le poids de la responsabilité que porte le médecin. Enraciné avec précision, et une irréprochable justesse dont je peux témoigner, dans la réalité hospitalière ce film n’est cependant pas un documentaire et revendique à plusieurs reprises , et notamment dans sa séquence finale échevelée, sa liberté fictionnelle. La réussite d’Hippocrate, au delà du titre qui braque le projecteur sur le sujet principal- l’éthique médicale-, est d’avoir su, de façon fluide et non platement pédagogique, aborder, à travers l’histoire d’un jeune interne, Benjamin –naïf mais authentique Vincent Lacoste- qui fait son premier stage dans le service de son patron de père -très convaincant Jacques Gamblin- les principaux thèmes de controverses, de questionnements voire d’indignation qui agitent le monde soignant aujourd’hui, sans basculer, ce qui aurait été facile, dans le pamphlet. Tour à tour on mesure, grâce à un scénario parfaitement écrit et un enchaînement de séquences souplement articulées, la dérive rentabiliste de l’idéologie institutionnelle hospitalière également combattue par les médecins et les infirmières ; l’ivresse de toute puissance de la médecine techno-scientifique à qui il arrive d’oublier la personne du patient et sa souffrance ; la question si difficile de l’approche du grand âge et de la fin de vie ; la hantise pour les soignants de l’erreur médicale. Ce parcours initiatique de Benjamin est accompagné par un aîné maghrébin, Abdel –très sensible et très juste Reda Kateb-, dont l’inégalité de condition au sein de l’hôpital est soulignée.