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Coming Home (Gui Lai)

Hors Compétition
Coming home

Nationalité : Chinois
Genre : Drame
Durée : 1h51min
Date de sortie : 10 Décembre 2014
Réalisateur : Zhang Yimou
Acteurs principaux : Chen Daoming, Gong Li

Un homme chinois se retrouve piégé dans un mariage arrangé et est contraint de partir aux Etats-Unis. Le jour où il parvient à retourner chez lui, il est envoyé dans un camp de travaux forcés...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Depuis Le Colonel Chabert, les angoisses du retour auprès d’une famille quittée depuis trop longtemps ont souvent été décrites. Sans s’attarder ici sur les folies de la Révolution culturelle, les méfaits du totalitarisme, l’aliénation des enfants au bénéfice du parti, etc. c’est la permanence de l’amour d’un couple qui vaut d’être relevée. Par une superbe invention de scénario, WuYan l’épouse vieillissante souffre d’une amnésie sélective qui l’empêche de reconnaître YanShi son mari enfin revenu auprès d’elle ; mais elle conserve tout son amour pour celui qui lui a été enlevé il y a si longtemps.

Ce paradoxe culmine dans les très belles scènes où, reçu en tant que voisin serviable, il lui fait lecture de lettres écrites mais qu’il n’avait jamais pu lui envoyer depuis son exil. Il constate avec quelle ferveur elle en prend connaissance, tout en restant indifférente à sa présence matérielle. Originale et émouvante sorte de mise en abyme, qui bien sûr nous interroge sur le Qui-suis-je ? et la continuité du moi.


Il est bon de retrouver le grand ZHANG Yimou dans la sélection officielle, même s’il est hors-compétition. Plutôt bien vu par les autorités de son pays, ce cinéaste revisite une page sombre de la Chine (la Révolution Culturelle). Quelques années après la fin des internements de gens soupçonnés de manière arbitraire, c’est le retour de Lu Yanshi chez lui. Histoire tragique et belle pour des retrouvailles qui n’ont pas lieu. Feng Wanyu (coming back de la fameuse Gong Li) ne peut reconnaître son mari et le repousse. Alors commence pour lui un véritable calvaire. Heureusement que leur fille Dan Dan est là pour venir au secours du couple désarticulé. Et les autorités repentantes lui donnent un logement juste en face de ce qui fut leur maison et où vit Wanyu. Peu à peu une relation nouvelle s’instaure. L’émotion est contenue mais le fil se reconstitue de manière improbable au travers de lettres, arrivées dans une caisse, celles que le prisonnier avait écrites et que les geôliers n’avaient jamais envoyées.Celui que la femme prend pour un certain M. Fang lit chaque jour quelques une de ses lettres et en profite pour en glisser une nouvelle. Ce génial stratagème permet le retour de Dan Dan chez sa mère (qu’elle avait chassée, l’accusant d’avoir dénoncé son père). Les couleurs sombres, le monde clos de la maison, les éclairages subtils des visages apportent une dimension intime. Le dernier plan est poignant. Le film est comme un hommage à tous les gens sacrifiés de l’Histoire.