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Holy Motors

Sélection Officielle
Holy motors

Pays : Français
Genre : Drame
Durée : 1h50min
Date de sortie : 4 Juillet 2012
Acteurs principaux : Denis Lavant, Edith Scob, Eva Mendes
Réalisateur : Leos Carax

De l’aube à la nuit, quelques heures dans l’existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille...

M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier —mais où sont les caméras ?

Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l’immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage.

À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l’action. Des femmes et des fantômes de sa vie.

Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ô ode au cinématographe ! L’hommage au sacro-saint "moteur" donne le ton de ce dernier Carax qui, en personne, dès les premiers plans, part à la recherche du cinéma perdu. Il sera ensuite remplacé par Denis Lavant qui n’endossera pas moins de neuf rôles différents. Proposées comme des rendez-vous à thème, ces séquences sont autant de références aux différents courants illustrés tantôt par Hitchcock, Kubrick, Cocteau, etc. Dès lors, les paris sont ouverts : que les plus cultivés d’entre nous s’amusent, car il leur faudra bien revoir ce film plusieurs fois.
En attendant, c’est un pur bonheur que de se laisser emporter par cette délirante fable onirique, métaphorique à souhait, servie par des images peu conventionnelles. C’est parfois gai, parfois cynique mais toujours original, même si certaines scènes sont du "déjà-vu". Le rapport du réalisateur aux acteurs (ils savent qu’ils jouent un rôle) nous est habilement proposé, sans mise en abyme ; mais son regard sur un certain cinéma, qui n’est plus d’actualité, est nostalgique.
Et de clore sur la chanson de Gérard Manset : revivre !


La clef de ce film étonnant se trouve dans la chanson qui accompagne les dernières images : « Je veux revivre, vivre à nouveau, changer de vie, m’éloigner de mon enfance, je veux revivre, devenir un autre ». Le personnage principal (Denis Lavant comme toujours), un homme d’affaires important, circule dans une de ces interminables limousines à six portes, sa secrétaire lui énumère ses rendez-vous de la journée. Mais il devient à chaque « rendez-vous », avec des déguisements souvent ahurissants, un autre personnage, il intègre une nouvelle vie : succes-sivement une mendiante, un clown, un personnage monstrueux, un père de famille qui attend sa fille à la sortie de l’école, un tueur, un joueur d’accordéon, à nouveau un meurtrier mais cette fois d’un banquier… Certaines séquences sont très belles, comme celle du clown, le talent de l’auteur des « Amants du Pont-Neuf » est toujours là. Mais d’autres sont bien banales, et l’ensemble fort disparate, l’auteur allant jusqu’à nous resservir une séquence de son film précédent : une descente dans les égouts parisiens ! L’idée centrale est très sombre, et se reflète dans la tonalité générale des images : le monde actuel est pourri, mais comment y échapper pour vivre autre chose ? C’est bien dans l’air de notre époque. Mais comme on est loin de l’univers créé par une autre parole « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » !