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Djeca (Enfants de Sarajevo)

Un Certain regard
Djeca

Pays : Bosnie-Herzégovine, Allemagne, France, Turquie
Genre : Drame
Durée : 1h30
Acteurs principaux : Marija Pikic, Ismir Gagula
Réalisatrice : Aida Begic

Rahima, 23 ans, et son frère Nedim, 14 ans, sont des orphelins de la guerre de Bosnie. Ils habitent à Sarajevo, dans cette société transitoire qui a perdu toute compassion pour les enfants de ceux qui sont morts pendant le siège de la ville. Après une adolescence délinquante, Rahima a trouvé un réconfort dans l’Islam et elle espère que son frère suivra ses pas.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Aida Begic continue l’exploration des séquelles de la guerre en Bosnie qu’elle avait débutée avec Premières neiges (Snow). Mais ici, la poésie de la campagne enneigée est remplacée par la ville grise, les cuisines en sous-sol, les appartements exigus, les tunnels glauques et elle met en scène des personnages qui étaient des jeunes enfants pendant la guerre.
Dans cet environnement étouffant, on suit, à travers ses problèmes quotidiens, l’héroïne Rahima, jeune femme moderne qui a décidé récemment de porter le voile islamique, à l’étonnement de son entourage. Son travail accaparant l’empêche de surveiller autant qu’il le faudrait son frère Nedim, adolescent difficile, au bord de la délinquance, qu’elle a pris en charge en le faisant sortir de l’orphelinat.
Les atrocités de la guerre, notamment la mort de leur mère atteinte dans un bus par un sniper, apparaissent dans le film par des images semblables à des actualités télévisées et que Rahima revoit mentalement.
Peinture pessimiste d’une société corrompue et violente, où les puissants font la loi, mais aussi vision positive de la fraternité des femmes, déjà magnifiée dans Premières Neiges, ce beau film se termine par une lueur d’espoir, l’image finale de la sœur et du frère enlacés dans une rue déserte, le soir du réveillon.


Nous avions admiré Neige, présenté en 2008 à la semaine de la Critique. Le présent film confirme le talent de la réalisatrice, et sa continuité dans l’exploration des conséquences de la guerre fratricide entre Bosniaques et Serbes au début des années 90. Plus de vingt ans déjà ont passé ! La génération suivante, celle des enfants des victimes de la guerre, est incarnée par une femme, admirable de courage et d’énergie, Rahima, 23 ans, et son jeune frère Nedim, en pleine adolescence révoltée. Rahima est voilée, elle ne s’exprime pas beaucoup là-dessus avec son amie. On peut deviner que l’Islam lui apporte un réconfort, une protection morale, mais aussi un signe fort d’appartenance. Autour d’elle, un patron autoritaire et ambigu, un ministre nanti aux pratiques cyniques, un homme épris d’elle qui la courtise en vain. C’est une lutte pour la survie, mais Nahima n’a vraiment qu’un seul objectif : soigner son frère du diabète, le sortir de la délinquance potentielle et déjà amorcée. Il n’ y a pas un seul plan dont Nahima est absente, la caméra la filme sans cesse, la suit, s’efforce de comprendre ses actes, son extraordinaire force de vie. Ce parti-pris technique est parfois un peu trop appuyé, mais le personnage devient attachant à nos yeux. Le Nouvel An commence, et la petite famille orpheline quitte le champ de la caméra, qui s’éloigne légèrement par un zoom arrière. C’est la vie toujours recommencée.