Primary Menu

De rouille et d’os

Selection officielle
De rouille et d'os

Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h55min
Date de sortie : 17 Mai 2012
Acteurs Principaux : Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Bouli Lanners
Réalisateur : Jacques Audiard

A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, le destin d’Ali croise celui de Stéphanie. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Corps à corps. Plusieurs. De la peau, des muscles, de la sueur, du sang et des larmes. Sensualité et/ou violence ! L’un des corps à corps se terminera en coeur à coeur. Toutefois, dans l’intervalle, se seront succédé des scènes, certes intéressantes, mais toujours prévisibles.
Beaucoup de violence donc, que la douceur de certaines images floutées, une très belle lumière (sur fond de paysages azuréens ou montagneux) et le propos, ne suffisent pas à justifier. Du handicap physique au handicap affectif voire sociétal, beaucoup de sujets différents sont abordés. Mais les dialogues servent des acteurs magistraux. Quant aux trucages et effets spéciaux pour Marion Cotillard, le réalisme est saisissant !


Après Un Prophète en 2009, Jacques Audiard n’a pas peur de s’attaquer à une grande histoire mélodramatique, dont la force provient de la qualité du scénario, très riche, de la grande maîtrise de la réalisation, enfin de l’interprétation, avec Marion Cotillard et le belge Matthias Schoenaerts. On traverse dans ce film beaucoup de misères sociales : un homme se retrouve seul, sans argent, sans travail, avec son petit garçon de 5 ans sur les bras, surviennent un accident professionnel, la descente dans l’univers des paris et des matches de boxe, les caméras cachées et les licenciements dans les supermarchés, enfin la disparition sous un étang gelé du petit garçon. Mais Jacques Audiard parvient à maîtriser tout cela, grâce à des ellipses aux moments les plus émouvants, grâce à des personnages qui sonnent juste, grâce à l’humanité qu’il nous fait découvrir en chacun.
Ainsi le personnage principal, Ali, certes beau garçon, mais longtemps ballotté par les événements, plus doué pour la boxe ou les exploits physiques ou sexuels que pour les relations humaines, va peu à peu s’humaniser : dès sa rencontre avec Stéphanie, où il sait faire preuve de « délicatesse », même s’il l’oubliera parfois, puis avec son fils, avec lequel enfin on le voit jouer et qu’il sauvera : on est alors très proche d’une scène de Clean d’Olivier Assayas. Mais plus encore qu’aux Misérables, c’est peut-être au Zampano dans La Strada de Fellini que fait penser J. Audiard : cet homme fruste suit toute une évolution qui fait enfin de lui un adulte et un père. Tout être humain cache un cœur.