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Indochine sur les traces d’une mère

Ichimei (Hara-kiri : Death of a Samouraï)

Pays : Film béninois, français
Genre : Documentaire
Durée : 1h11
Date de sortie : prochainement
Réalisé par Idrissou Mora-Kpaï

Entre 1946 et 1954 plus de 60 000 soldats d’Afrique noire furent engagés en Extrême-Orient contre le Viet Minh. Dans une guerre qui n’était pas la leur, les tirailleurs africains, déjà distingués pendant la première et la deuxième guerre mondiale découvrent une Indochine avec des réalités sociales et un quotidien très proche de leur pays d’origine. Les officiers français s’étonnent des contacts qui se nouent entre ces deux groupes de "colonisés" que les circonstances ont rendu adversaires. Des liens se créent et nombre de soldats africains prennent comme épouses des femmes vietnamiennes.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Renouer avec le genre "films de samouraï" mais sans utiliser ces effets spéciaux où les guerriers volent de branche en branche et virevoltent en défiant les lois de la pesanteur, voici l’impression que donne "Ichimei" et c’est à mes yeux une qualité ! Dans la lourdeur morne d’une demeure hiératique où s’abrite le clan LI, qui prétend incarner l’idéal des samouraïs (esprit de justice, de protection des pauvres et de la veuve et l’orphelin...), arrive un homme encore assez jeune : il veut être assisté pour un "seppuku", sacrifice rituel qui consiste à s’ouvrir le ventre et ensuite à avoir la tête tranchée. De là commence un récit, où l’on verra que ces seigneurs prétentieux sont loin d’être ouverts à l’esprit de justice. Le film prend peu à peu de l’épaisseur pour se terminer par un combat de sabres, réglé comme un ballet. Plus près de "Sanjuro" que du "Secret des poignards volants". Vaut le détour.


1954 : fin de la guerre d’Indochine
2010 : réalisation de ce documentaire fait d’interviews, d’archives, de parcours dans le pays.
Une fois admis le choix d’une réalisation en surexposition (j’ai pensé que par les hautes lumières grillées il y avait une conjugaison entre le retour à la terre natale dans sa réalité d’aujourd’hui et les photos ou autres documents d’archives jaunis par le temps), je me suis laissé prendre par cette histoire de l’histoire que j’ignorais. Sont évoquées les réquisitions d’hommes du Dahomey, du Niger, du Togo pour subvenir au manque de soldats français pour la guerre ainsi que le rapatriement au pays à la fin de celle-ci. Mais comme le dit Christophe, l’homme qui désire retrouver les traces de sa mère,"la guerre a laissé des traces -les enfants...." : il est l’un d’eux. "A 55 ans je suis toujours traumatisé, on m’a pris à un an et demi...". Ainsi 56 ans après, pour lui comme beaucoup d’autres, il y a encore ce vide habité par une absence : celle de sa mère.
Certes ce film est intéressant dans sa référence historique avec les témoignages des anciens militaires des deux camps et des soldats africains mais surtout par son expression de la dimension existentielle des conséquence de la guerre.