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Copie conforme

Copie conforme (Certified Copy)

Pays : Film italien, iranien, français
Genre : Drame
Durée : 1h 46min
Date de sortie :19 mai 2010
Avec Juliette Binoche, William Shimell
Réalisé par Abbas Kiarostami

James, un écrivain quinquagénaire anglo-saxon, donne en Italie, à l’occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l’original et la copie dans l’art. Il rencontre une jeune femme d’origine française, galeriste. Ils partent ensemble pour quelques heures à San Gimignano, petit village près de Florence. Comment distinguer l’original de la copie, la réalité de la fiction ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

‘What was that all about ?’ is a fair question. ‘Who was that all about ?’ may be an even fairer question. This is really a cinema essay, verbal and visual, about art and perceptions of art, about life and about fantasy. It is celebrated Iranian director, Abbas Kiarostami, making a non-Iranian film and a film outside Iran.
A British writer on art theory delivers a lecture in Tuscany. A French art dealer who lives in Tuscany with her young son attends and disagrees with aspects of the book. She takes the author on a drive which leads to much (much) discussion about art, originals and copies, about marriage and relationships. An Italian lady mistakes them for husband and wife and the woman follows through with this role play, the author gradually joining in. Finally, they go to a hotel room which she states is the room of their wedding night fifteen years earlier. Will the author leave for his train or stay with the woman ? Here the film stops leaving us to speculate after the credits.
For audiences who like the director and this kind of debate cinema, they will be delighted. Others may not have the staying power, even though Juliet Binoche is the woman and William Shimmell is very good as the man.


Magistral. Kiarostami nous livre là une des oeuvres les plus passionnantes du festival avec une étonnante construction en trois segments dont la ligne brisée qu’ils forment a quelque chose de l’illusion d’optique créée par un bâton plongé dans des milieux de coefficients de réfraction différents.
Dans le premier segment (très "kiarostamien" à la façon Ten : deux personnages dans une voiture), un bellâtre écrivain anglais et une antiquaire française établie à Florence font connaissance et se lancent dans un brillantissime dialogue sur l’art, l’original et la copie, la réalité et l’illusion.
Dans le second, qui se déroule dans un restaurant où le couple est entré, la femme reconnait s’être déjà trouvée sur le chemin de l’homme.
Dans le troisième, raccroché au précédent par cette reconnaissance, l’homme et la femme apparaissent comme un couple en voyage à Florence. Un couple au bord de la rupture et jouant une sorte de remake de Voyage en Italie de Rossellini. Où est le vrai, où est le faux ? En débattre serait se tromper, car le sujet n’est pas là, mais dans la réflexion que Kiarostami mène sur le cinéma, l’image et le regard du spectateur. Réflexion où le réalisateur n’est pas loin de rejoindre le peintre Magritte peignant méticuleusement une pipe et écrivant au dessous : "Ceci n’est pas une pipe".


Voici un film quelque peu énigmatique, qui laisse certains spectateurs perplexes. Abbas Kiarostami poursuit sa réflexion sur les pouvoirs du cinéma. Ce qui se voit à l’écran n’est pas une histoire réellement vécue, c’est une représentation, façonnée par le réalisateur, pour donner à sentir et à penser. Au cours d’une conférence sur les rapports dans l’art entre l’oeuvre originale et la copie, une femme au premier rang écoute et regarde avec attention le conférencier. Le lendemain elle l’invite et l’entraîne jusque dans un village de Toscane, dont il admire au passage les paysages. Là, dans une auberge, par la magie du cinéma, le film bascule, et le conférencier "devient" bel et bien le mari de cette femme : dans ce village ils se seraient mariés il y a quinze ans. Elle l’aime toujours passionnément, tandis que lui a la tête à ses voyages et à ses affaires. Dans ce lieu de leur nuit de noces, le film devient une admirable méditation sur le couple, sur les différences de sensibilité entre homme et femme, et même sur la distance abyssale qui peut s’instaurer entre les sexes. C’est un nouveau "Voyage en Italie" qui commence, à la suite de celui de Rossellini. La femme, avec la beauté resplendissante de Juliette Binoche, est bouleversante .Le cinéaste nous invite à une réflexion profonde, sereine, et mélancolique sur les beautés et les difficultés du couple.