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Pál Adrienn (Adrienn Pál)

Adrienn Pal

Pays : Film autrichien , hongrois , néerlandais , français
Genre : Drame
Durée : 2h 16min
Date de sortie : 25 juillet 2013
Avec Lia Pokorny, Eva Gabor, Ákos Horváth
Réalisé par Agnes Kocsis

Les pérégrinations d’une infirmière aliénée, encerclée par la mort, qui part à la recherche de son ami d’enfance perdu. Rassemblant ses souvenirs, elle s’embarque pour un voyage rempli de paradoxes, au sein de sa propre mémoire, et au sein de celles des personnes qu’elle va rencontrer. Sa quête ne l’emmène pas tout à fait là où elle voulait se rendre, et pourtant, sa vie ne sera jamais plus la même. Une histoire sur la relativité de la mémoire, sur l’incertitude de notre passé, et, surtout, sur notre propre découverte de soi-même.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Infirmière dans un secteur de soins palliatifs lourds, Piroska est l’image même d’un mal-être existentiel dont témoignent une obésité maladive, un facies inexpressif et le claquement sinistre de ses sabots sur le carrelage du couloir de la morgue. L’arrivée d’une patiente qui s’éteint rapidement mais porte le même nom que, prétend-elle, une amie d’enfance perdue de vue, fait basculer Piroska dans une quête obstinée et émouvante de cette époque heureuse de sa vie, recherche qui contribuera à lui aliéner un compagnon qui la sermonne sur son obésité et finira par la quitter. Tous ceux qui ont connu directement ou non Pal Adrienn restent cependant évasifs et contradictoires sur son destin, et mettent en doute les liens qu’aurait entretenus celle-ci avec Piroska. Les superbes cadrages de certains longs plans fixes méditatifs, l’utilisation de la profondeur de champ, et l’éclairage verdâtre des lieux de l’hospice ajoutent au climat kafkaïen de ce film puissant et sobre, pour ne pas dire minimaliste, qui, grâce à ses ellipses et à quelques plans et séquences récurrentes et emblématiques, laisse au spectateur, jusqu’à la dernière image, le soin d’élaborer sa propre interprétation.


Tout est sinistre, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’héroïne supporte son travail comme infirmière dans une unité de soins palliatifs – plutôt un mouroir – parce qu’elle est déjà comme morte intérieurement. Obèse, sa seule consolation consiste à manger. Son mari ne comprend pas, il la quitte. Les choses basculent quand par une homonymie fortuite elle repense à son amie d’enfance, perdue de vue. Elle dit qu’elles étaient comme deux sœurs, qu’elles s’entendaient à merveille. Elle part à sa recherche, mais les indices qu’elle obtient sont tellement contradictoires que par moment on se demande si cette amie a vraiment existé. C’est surtout la petite fille en elle qu’elle cherche à retrouver et l’image finale, un gros plan sur son visage face aux moniteurs de surveillance, avec le bruit des électrocardiogrammes qui s’amenuisent jusqu’à un seul son, reste comme un gros point d’interrogation sur l’écran.