Pays : Film français, chinois
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h 18min
Date de sortie : 11 Novembre 2009
Avec Laetitia Casta, Fanny Ardant, Lee Kang-sheng
Réalisé par Tsai Ming-liang
Un réalisateur Taïwanais est invité à tourner l’histoire de Salomé au Musée du Louvres. Malgré sa réputation, il tient absolument à confier le rôle du roi Hérode à Jean-Pierre Léaud. Pour donner à ce film au budget modeste une chance au box office, la production s’est résolue à confier le rôle de Salomé à une star de renommée internationale. Mais dès le début du tournage, les problèmes s’accumulent...
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
23 mai 2009
Un film de plus de deux heures (encore un ! quelle triste épidémie) sans histoire ni dialogues, c’est audacieux de la part du réalisateur, mais le spectateur n’est pas obligé de suivre, et la potion sera trop amère pour beaucoup. Néanmoins, composé comme une exposition de tableaux plus ou moins vivants, ce film chargé d’évoquer le Louvre est très beau. La vague trame narrative met en scène, dans le jardin des Tuileries transformé en forêt nordique par des miroirs et de la neige, un tournage du mythe de Salomé qui nous emmène aussi dans les souterrains du Louvre – ah ! ce tango dans les égouts ! – ou dans une galerie du musée (non, on ne verra pas la Joconde, mais un autre Léonard : le Saint Jean Baptiste, Salomé oblige), et se termine en chambre froide avec la danse de Laetitia Casta, en grand danger de s’enrhumer derrière les voiles transparents des portes de plastique. Lee Kang-sheng arrosé de sauce tomate dans une brouette figure le Baptiste à décapiter. Autres icônes de cette exposition, et jouant leurs propres rôle, Fanny Ardant en productrice stressée, Jean-Pierre Léaud alias Antoine Doisnel en roi Hérode, et des apparitions de Jeanne Moreau ou Nathalie Baye... Un hommage à l’art et à la beauté, par un visionnaire au regard inattendu venu de l’autre côté du monde.
23 mai 2009
Grâce au synopsis, on connaît l’histoire, au demeurant le lieu commun de bien des films du Festival:un réalisateur tourne un film, et connaît quelques problèmes de réalisation...En fait, nous sommes soumis à un jeu de pistes, dans une série de collages, plutôt assez beaux au plan de l’image, surtout quant il s’agit de Laetitia Casta, qui prête sa plastique naturelle aux méandres de la création cinématographique du cinéaste. Pas d’émotions, pas d’enjeux personnels entre les personnages, les actrices (dont les plus célèbres, telles Jeanne Moreau, Nathalie Baye et surtout Fanny Ardant, lumineuse) servent de faire valoir, et Jean Pierre Léaud semble prêt à entrer dans un hospice de vieillards..Malgré un hommage appuyé à Truffaut et la Nouvelle Vague (déjà vu dans les précédents films de Tsai Ming-Liang), le spectateur résiste difficilement à l’ennui.
23 mai 2009
Le fil conducteur de ce kaleidoscope d’évocations est un film dans le film, tous deux imaginaires, revisitant l’histoire devenue mythique de Salomé. A l’image de Fanny Ardent, mangeant des fruits et des biscuits posés sur la table d’offrandes devant la photo de la défunte mère du cinéaste, morte au cours du tournage et pour laquelle le film est - aussi - une dédicace posthume, le film se nourrit d’hommages divers. Le thème du miroir ou de la vitre est omniprésent, renvoyant des bouts de reflets qui se superposent. Des visages qui regardent, qui se regardent - regard soutenu par une des phrases du film "si tu m’avais regardée, tu m’aurais aimée". On pense à Levinas pour qui l’éthique naît de ce que me renvoie le visage de l’autre ; mais évidemment à Truffaut aussi, entre autres.
Il s’agit donc d’un véritable puzzle métaphorique, et s’il appartient au spectateur de décider s’il s’agit de génie ou de snobisme, la scène de la danse sublime de Laetitia Casta fait, quant à elle, l’unanimité des spectateurs.