Film éthiopien, allemand, français
Genre : Drame
Durée : 2h 20min
Avec Aaron Arefe, Abeye Tedla, Takelech Beyene
Réalisé par Haile Gerima
Au début des années 70, Anberber est parti de son village de Minzero pour aller
étudier en Allemagne. Il n’est plus du tout le même lorsqu’il revient début des années 90 chez lui en Éthiopie, pour, dit-il, y mourir. Que lui est-il arrivé pendant toutes ces années ?
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
21 mai 2009
L’histoire d’Anberber, de retour au pays, nous est présentée par bribes à travers de nombreux flash-backs souvent déclenchés par les cauchemars qui lui font revivre les événements plus ou moins dramatiques qui ont marqué son existence. Ce n’est donc que peu à peu que nous reconstituons sa vie : d’abord de jeune garçon vivant dans un petit village copte où la savane est reine, ensuite d’étudiant envoyé en Allemagne poursuivre des études scientifiques et qui participe à de nombreuses discussions sur l’avenir politique de son pays avec des compatriotes mais aussi avec des étudiants allemands, acquis aux idéaux du socialisme, et enfin de jeunes scientifiques issus d’un régime socialiste. Mais le drame se noue à partir de là : le parti en place organise la chasse aux réactionnaires ou prétendus tels, et les choses se règlent dans la violence et le sang. Son nouveau départ pour l’Allemagne ne mettra pas fin à ses difficultés : il y rencontrera un racisme de plus en plus fort jusqu’à ce qu’il subisse une défenestration aux cris de "sale nègre".... Mais en même temps que se reconstitue pour nous son passé, nous voyons sa lente et difficile réadaptation à son village et à la vie traditionnelle qui s’y déroule encore, traversée par des irruptions de la guère civile.
Ce film aborde plusieurs thématiques : tradition et modernité, racisme des occidentaux, difficulté du retour au pays de ceux qui étaient partis en Occident, hypocrisie et mauvaise foi du parti "libérateur", la guerre civile en Ethiopie et ses conséquences sur les populations civiles.... Des images magnifiques de la nature, de la vie au village et de ses habitants, ponctuent ce récit dramatique qui s’achèvera de manière apaisée.
Ce film vient d’obtenir le premier prix au festival pan-africain de Ouagadougou de 2009.
