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Independencia (Independence)

Un Certain Regard
Independencia

Film : Philippin
Genre : Drame
Durée : 1h17
Date de sortie : Prochainement
Avec : Tetchie Agbayani, Sid Lucero
Réalisation : Raya Martin

Philippines, début du 20ème siècle. Les premiers retentissements de la guerre annoncent l’arrivée des troupes américaines. Une mère et son fils décident de fuir vers la montagne à la recherche d’une vie plus sûre. Un jour, au milieu de la forêt, le fils découvre le corps gisant d’une femme abusée qu’ils décident de ramener dans leur abri.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

A 76 minute experiment for director, Raya Martin. Filmed in black and white on colour stock, the chosen cinematic styles is rudimentary (primitive, one might say). Simple takes with minimum movement, actual locations in front of set backdrops, basic narrative editing, an episodic plot with stolid-looking and sounding performances. It is as if this might have been a way of filming at the time of the events (at the end of the 19th century), the takeover by the United States of the Philippines.
There is a jolting experience midway through the action when it seems the film has broken and burned in the projector. But, it moves to what is designed as an old-fashioned community service commercial, soldiers shooting a young boy in the market place after he has stolen an egg, with military reassurance to the public that the law is active and protecting the citizens. Then back to the narrative several years later.
The tale is of a mother and son who take refuge from invasion in a house in the forest, settle, find a girl who has been raped by some Americans. Mother dies. Woman gives birth. This before the ’intermission’. The family passes the years in their primitive home, talking of legends and hopes.
Some colour appears just at the end but there seems to be little hope offered for independence. The title seems one of yearning.


L’histoire – autour de 1900 – est celle d’un fils et sa mère enfuis dans la jungle des Philippines devant l’arrivée des colonisateurs Américains succédant aux Espagnols. Au cours des ans dans cette forêt, il y aura une autre femme, puis un enfant, et personne ne survivra à la (superbe) tempête qui symbolise les malheurs déchaînés par les ‘diaboliques intrus’.
Des plans fixes en noir et blanc sur un décor de toiles peintes comme parti pris visuel, et des dialogues de bande dessinée avec une musique de parking souterrain – les options esthétiques de Raya Martin sont énergiques. On se sent revenu aux sources, à l’impact expressif d’un Méliès. Ce misérabilisme revendiqué exprime la nostalgie du monde d’avant : tout plutôt que ce monde actuel dont on ne peut rien attendre. C’est ce que montre la dernière image – seule image en couleur, ce qui la situe dans notre temps – dans laquelle l’enfant se jette au précipice.
Cette lecture désespérante est dictée par le jeune réalisateur, qui dit avoir été inspiré « par ses neveux chéris, et son angoisse devant leur avenir ». Une redécouverte du mal, qui semble ignorer que l’humanité, depuis si longtemps qu’elle y est confrontée, n’est pas restée sans raisons de conserver l’espoir…


Il s’agit ici de la deuxième partie d’une trilogie sur l’indépendance des Philippines. Le premier volet, « A short film about the Indio Nacional », se situe à la fin du XIXe siècle quand le pays se bat pour son émancipation de la tutelle espagnole. « Independencia » se situe au début du XXe siècle à l’arrivée des américains. A un moment, la trame du film est interrompue par un court documentaire de propagande télévisée, probablement sorti des archives, puisque l’ambition du réalisateur est de reconstruire la mémoire de son pays.
Le spectateur comprend tout à fait la situation politique difficile des Philippines, ainsi que le manque de moyens techniques pour tourner des films. Mais le récit vraiment mince et une morale simpliste ne rendent pas son adhésion facile, d’autant que les choix esthétiques ne sont pas convaincants : ni le noir et blanc, avec pour seule exception le vêtement rouge-feu du petit garçon à la fin et le rouge-sang dont est peint le ciel surplombant le paysage final en carte postale, ni le décor sommaire symbolisant la nature luxuriante, ni finalement le jeu trop théâtral des acteurs.
Il faut souhaiter au réalisateur qu’il obtiendra pour le troisième volet des moyens nécessaires pour rendre justice à son projet ambitieux.