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Lemming

Selection officielle
Lemming (English Corner)

Film français (2004)
Genre : Drame
Date de sortie : prochainement
Durée : 1h 35min.
Avec Charlotte Gainsbourg, Laurent Lucas, André Dussollier
Réalisé par Dominik Moll

Bénédicte et Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d’Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l’harmonie du jeune couple.
La découverte du cadavre d’un mystérieux rongeur dans l’évacuation bouchée de leur évier n’arrange pas les choses et annonce l’irruption de l’irrationnel dans ce qui était jusqu’alors une vie bien rangée.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Beware lemmings, those furry rodents from Scandinavia who, myth says, rush to cliffs and leap over to their deaths. This film says otherwise : at a time of overpopulation they migrate ; but when they are swimming across large lakes, they die from exhaustion. Now, what that has to do with this film is another matter. They may be symbols for us to ponder. They may just be red herrings, Hitchcock’s McGuffin.

It’s not easy to describe Lemming let alone categorise it. It seems to belong to a new set of films (see, for instance, John Maybury’s The Jacket) which are psychodramas of the sub-conscious, life as it might be lived for good or evil, not necessarily life as it is being lived. And, at the end, to highlight his point, the director has the song ’Dream a little dream of me’.

The director is Dominik Moll who made the strikingly offbeat thriller, Harry, He’s Here to Help. It is co-written with Harry collaborator, Giles Marchand, who directed Who Killed Bambi. The acting credits are very impressive as well, actors well cast and carrying us on with this strange story. Laurent Lucas is a hotshot automation inventor, happily married to Benedicte (Charlotte Gainsbourg). They live comfortably but when the boss (Andre Dussolier) and his wife (Charlotte Rampling) come to dinner, things begin to go haywire. At this point, it is wise to leave plot development because that is the point of seeing the film : looking at what Moll presents and trying to discern what is real and what is not.

Lemming is the kind of film that grows on you with reflection.


Que veut nous dire Dominik Moll, dans ce troisième film, à travers le suspense et l’atmosphère d’angoisse qu’il sait si habilement créer ? Incontestablement c’est une vision assez pessimiste qu’il propose, et notamment sur deux points.

Fragilité du couple, difficulté aujourd’hui de la relation homme-femme. Le "couple -modèle" qu’il nous présente (Laurent Lucas et Charlotte Gainsbourg) comporte des failles cachées, comme le vase de Verlaine qu"un coup d’éventail peut briser". Ici, c’est un lemming, petit rongeur venu du Nord, qui joue le rôle de l’éventail : Mais le couple du patron (André Dussolier) a été lui aussi un couple idéal dans sa jeunesse, la photo d’Alice (Charlotte Rampling), jeune, triomphante, nous le rappelle jusqu’à la dernière image.

Mais plus encore, peut-être, comme dans son précédent film, c’est l’insatisfaction radicale de l’être humain, dans un monde où il n’y a plus d’absolu, que souligne le réalisateur. Tous cherchent autre chose. La réussite professionnelle, l’installation dans une maison confortable, le bonheur dans le couple : oui ! mais çà ne suffit pas ! On reste rongé de l’intérieur, insatisfait. Le film se termine sur l’homme en train d’arroser son jardin, image terrible d’un bonheur avorté. Que faudrait-il donc pour combler le coeur de l’homme ?.


Dominik Moll persiste et signe. De nouveau il nous offre une histoire de personnages dispersés en plusieurs représentations. Dans Harry, un ami qui vous veut du bien, cela tenait plutôt de la multiplication : Harry était le double qui apparaissait inopînément et à point voulu. Ici cela tient davantage de la fusion : Alice se glisse en Bénédicte et en prend possession. Mais dans fusion il y a souvent confusion. Une confusion qui ne tient pas le spectateur à l’écart et le place dans la même incapacité que les personnages de distinguer entre ce qui tient du réel, du fantasme ou du cauchemar.

On peut refuser ce glissement progressif dans un inexpliquable et un inexpliqué de moins en moins contrôlé juqu’à sembler gratuit. On peut aussi considérer que le sujet du film, c’est justement ça : l’introduction, dans un univers où l’on cherche à tout dominer et sécuriser, du grain de sable de l’irrationnel (ici, l’inattendu lemming découvert dans le syphon d’un évier), et de la dérive générale qui s’ensuit. Bref, c’est un film où l’on "marche" ou pas. Reste qu’entre le couple transparent Alain-Bénédicte et le duo trouble Richard-Alice, Dominik Moll joue superbement de la lumière et de l’ombre.