Primary Menu

Last Days

Selection officielle
Last Days (English Corner)

Film américain.
Genre : Drame, Musical
Durée : 1h 37min.
Avec Michael Pitt, Lukas Haas, Asia Argento
Réalisé par Gus Van Sant
Date de sortie : 13 Mai 2005

Blake, artiste replié sur lui-même, fléchit sous le poids de la célébrité, du succès et d’un sentiment d’isolement croissant. Réfugié dans une maison au milieu des bois, il tente d’échapper à sa vie, à son entourage et à ses obligations. Il regarde, écoute, et attend la délivrance.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

As a cinematic aesthetic exercise, Last Days will fascinate cinema buffs who enjoy beautiful portrayals of the enigmatic. And it looks good as well. Van Sant has written as well as directed and declares that he has drawn from the last days of Kurt Cobain in his depiction of Blake (Michael Pitt in a well-wrought performance). Which means that we watch, often stare at length, at glimpses of a rock star in mortal decline : loss of self-confidence and the will to perform, drugs, fickle friends and hangers-on or, in the words of his final song, ‘it’s a long, lonely journey from death to birth’.
 
While van Sant wants to offer a tribute-interpretation of artists like Cobain, the world he offers is a mixture of grunge and nihilism that seems hopelessly depressing. Peggy Lee, long before, sang ‘Is that all there is ?’

Sans doute est-il difficile d’apprécier "Last Days" à sa juste valeur sans avoir auparavant vu "Gerry" et "Elefant",avec lesquels il constitue une trilogie. Gus van Sant poursuit son exploration des impasses, du vide intérieur de la jeunesse américaine. Ici, il rejoint tout de suite le dernier stade, au-delà de la drogue, du désespoir, de la cure de désintoxication ratée, les derniers jours d’un chanteur de rock nommé Blake.

L’extrême qualité du film vient de la douceur souveraine, de la beauté fulgurante des images avec lesquelles l’auteur mène son propos. Splendeur de la nature, mais solitude irrémédiable d’un être passé déjà de l’autre côté de la vie. La grande maison de pierre, perdue dans la forêt, ajoute encore à l’impression d’un désert sans issue.

Quelques notes cocasses, la visite d’un commercial puis de deux missionnaires jumeaux d’une Eglise adventiste, brisent un instant le climat d’effroi retenu dans lequel baigne tout le film. Les autres figurants qui surgissent un instant autour de Blake sont aussi égarés, absents, que lui. Une scène magnifique, où Blake reprend enfin sa guitate et chante (une chanson où la mort s’impose) ne suffit pas à ouvrir une espérance. On repart, en douceur, dans une quiétude masquant l’horreur, vers l’issue inéluctable. Gus van Sant, , bien mieux que par l’excès ou la violence, oblige à réfléchir à la société qui se propose aux jeunes générations.


Qu’importe qu’il s’agisse ou non d’un chanteur célèbre, suicidé. On oublie vite toute connotation biographique devant la fascination que suscite ce film austère aux accents de Requiem. On y pénètre, non comme dans une histoire, mais dans une vie. Ou une mort. Ou plus exactement dans l’entre deux qui sépare la vie de la mort. Car elle ne fait rien d’autre, cette ombre vacillante de Blake, titubante, déambulant dans les pièces de sa maison ou dans le parc qui l’entoure, que de se détacher progressivement de ce qui constituait son existence. Et en même temps de la reparcourir comme on repasse sur des anciennes brisées, effacées, oubliées mais présentes par leurs traces, ressassées à travers un incessant soliloque qui constitue en lui-même une admirable trouvaille : entre la voix off, le monologue et le dialogue, le soliloque à mi-voix de Blake rend extraordinairement compte de ce no man’s land qu’il traverse avant d’atteindre la frontière définitive, et il annonce le silence ultime.