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Les invasions barbares

Les invasions barbares

Film canadien, français (2002).
Comédie dramatique. Durée : 1h 39mn.
Date de sortie : 24 Septembre 2003
Avec Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise Portal, Dominique Michel...
Réalisé par Denys Arcand

Rémy, divorcé, la cinquantaine, est à l’hôpital. Son ex-femme Louise appelle d’urgence leur fils Sébastien, installé à Londres. Sébastien hésite - son père et lui n’ont plus rien à se dire depuis longtemps. Finalement, il accepte de revenir à Montréal pour aider sa mère et soutenir son père. Dès son arrivée, Sébastien remue ciel et terre, joue de ses relations, bouscule le système de toutes les manières possibles pour adoucir les épreuves qui attendent Rémy. Il ramène aussi au chevet de Rémy la joyeuse bande qui a marqué son passé : parents, amis et anciennes maîtresses. Que sont-ils devenus à l’heure des "invasions barbares" ? l’irrévérence, l’amitié et la truculence sont-elles toujours au rendez-vous ? L’humour, l’épicurisme, le désir peuplent-ils toujours leurs rêves ? A l’heure des invasions barbares, le déclin de l’empire américain continue.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Epitre de Denys Arcand aux festivaliers

Epitre de Denys Arcand aux festivaliers

Quel bonheur de retrouver tous les comédiens du "Déclin de l’Empire américain" dont certains étaient également présents dans "Jésus de Montréal". Le jeu consiste au début du film à reconnaître ces acteurs. C’est ensuite avec son humour habituel que Denys Arcand attaque sa critique du système hospitalier québécois, enveloppé de cet inévitable accent qui nous ravit toujours. Le thème de la mort s’immisce progressivement dans le scénario et conduit le personnage principal, la cinquantaine, très malade, à l’heure du bilan de sa vie. Que restera-t-il de lui ? Chacun peut se poser la question et constater ce qui a fonctionné et ce qui a raté. Réussir sa vie est une chose, avec ses hauts et ses bas, mais réussir sa mort ? Qui y pense ? Tout est possible avec l’amour, répondent Denys Arcand et l’ami Paul.


In 1987, Denys Arcand’s The Decline of the American Empire was a witty and intellectual treat, a group of Canadians in middle age, assessing their lives and careers, discussing, sometimes profoundly, sometimes fatuously, their interpretation of the world, especially the American-dominated western world. But, the film was not so strong on its dramatic narrative. Then came Jesus of Montreal, 1989, a surprising, complex film that satisfied as drama, as display of characters, as intellectual discussion and as visually arresting. Arcand’s films of the 90s were less satisfying. The Barbarian Invasions gathers all Arcand’s talents and offers a sequel to The Decline to enjoy and relish.

Arcand and his characters are older and, very often, wiser. Remy Giraud as the dying Remy is the larger than life (which he is soon to leave) focus of the film, a blustering, often raging character who has alienated wife and children but still commands the devotion of friends (the main gallery from Decline whom it is fascinating to listen to 15 years on, joys, regrets and all). When his son - a new barbarian who plays computer games and has never read a book yet is a millionnaire financial adviser - is able to relocate his father in a reconditioned hospital room, the older man begins to change as does his son. But, for Arcand, there is no quick sentimentality. The friends still discuss the world and assess their lives. The next generation - who are more preoccupied by money, drugs (and mobile phones) than sex - are challenged in generosity, responsibility and love.

The setting is post 9/11 (pictured shockingly in the film) and Arcand uses this as the basis for his title metaphor - but, who are the new barbarians ? The ’illiterate’ generation who think money can buy anything - and does ? The range of migrants and refugees who pour into the American world ? Perhaps the metaphor is over-stated for the realities it refers to.

Arcand has many intriguing, passing observations, especially the characters’ Catholic reminiscences, the changes in Catholicism in Montreal in 1966 and the emptying of the Churches of people and statuary. The nun doing pastoral care in the hospital is presented with dignity and sympathy. The film ends with an assisted suicide which seems emotionally satisfying even as it goes against and challenges accepted religious and social standards.


Ça fait plaisir de retrouver Denys Arcand au meilleur de sa forme ! Depuis "Le déclin de l’empire américain" (1987) et "Jésus de Montréal" (1989), on l’avait un peu oublié. On retrouve ici, avec peut-être plus d’apaisement, ses meilleures qualités.
On est toujours avec lui dans une observation très caustique de la société du Canada français : les hôpitaux débordés. Les couloirs encombrés, la religion disparue ou reléguée au magasin des accessoires, les relations sociales figées par les appareils. Les intellectuels ont pris leur distance à l’égard des idéologies du passé : quelques scènes truculentes évoquent avec verve, avec cet humour canadien typique, les déceptions du passé, toujours sauvées par un immense amour de la vie.

Le plus notable sans doute dans ce film est la relation père-fils : le fils, devenu agent international à Londres, qui ne communiquait plus depuis longtemps avec son père, va le redécouvrir à l’occasion de la maladie qui peut l’emporter. Tout doucement, le fil se renoue, le fils est prêt à tout, avec ses moyens propres !, pour adoucir la situation du père. Sur un sujet de soi douloureux, l’irruption de la mort dans une famille et un cercle d’amis, Denys Arcand a su faire un film reposant, finalement lumineux, un des meilleurs de ce Festival.