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Dogville

Dogville

Film italien, danois, suédois, français, norvégien (2002).
Thriller, Drame.
Durée : 2h 57mn. Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie : 21 Mai 2003
Avec Nicole Kidman, Paul Bettany, Patricia Clarkson, Jeremy Davies, Siobhan Fallon...
Réalisé par Lars von Trier

Une belle fugitive, Grace, poursuivie par des gangsters, arrive dans la commune isolée de Dogville. Encouragés par Tom, qui s’est autoproclamé porte-parole de la ville, les habitants consentent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour eux. Lorsqu’un avis de recherche est lancé contre elle, les gens de Dogville s’estiment en droit d’exiger une compensation, vu le risque qu’ils courent à l’abriter. La pauvre Grace apprend ainsi à ses dépens que la bonté est relative. Mais elle garde un secret, un secret fatal, qui fera regretter à Dogville d’avoir montré les dents...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Lars von Trier avait dit lui-même que ses trois précédents films avaient été conçus sur le thème de la bonté. Je les avais exécrés. Il nous a engagés cette fois sur le chemin inverse : une implacable transformation d’un appel aux bons sentiments à l’élimination vengeresse de tous ces " braves gens ". Et cette fois j’ai aimé ! Mon côté calviniste sans doute, chère Corine. Parce que ce microcosme du bout du monde étasunien nous offre sur un plateau, c’est le cas de le dire, fait de situations ordinaires, tant de sentiments très humains, même s’ils sont réprimés. Et ici, dans un dispositif qui semble dire : " A bas toute hypocrisie ! ", la lucidité n’est-elle pas un ingrédient important de la prière ?

Et sans vouloir pointer du doigt trop exclusivement un peuple et une nation particuliers, n’en avons-nous pas tous grand besoin aujourd’hui ? Car au bout de cette lente dégradation par veuleries et démissions successives ( ce qu’on appelle aujourd’hui " le people ") il y a l’écrasement par le Pouvoir Absolu de tout espoir de relevailles. Ne reste que le chien, Moïse, perdu dans le désert. J’ai envie de remonter le cours de cette fable cruelle et de comprendre comment inventer un " amour du prochain " qui soit autre chose qu’un " réarmement moral ".


Un chien qui s’appelle Moïse, une héroïne qui s’appelle Grace, 10 chapitres au film ... voilà pour trois premières références, bibliques. Puis Grace arrive à Dogville, un village particulier avec ses personnages et son mode de vie étriqué, ses habitudes tournées vers lui-même, ses mesquineries quotidiennes, bref le genre humain selon Lars von Trier qui ne voit que le côté sombre de l’humanité et qui nous montre un monde qui ne sait pas recevoir le don gratuit de la grâce. Voilà pour une deuxième référence, théologique.

C’est dans un décor épuré à l’extrême que le réalisateur a choisi de situer son action afin de donner à son film une portée universelle. Soit ! Ce n’est pas totalement nouveau, Alain Cavalier l’a réalisé pour " Thérèse ". Les acteurs sont alors obligés de travailler leur jeu en profondeur, même si les éclairages très subtils sont étudiés au rayon et à la nuance de couleur près. Le premier et le dernier plans, (hormis le générique final qui vaut à lui seul un message un peu trop démagogique) en plongée totale, placent le spectateur du point de vue de Dieu. Troisième référence, picturale. On aura compris : une fois de plus, Lars von Trier, vient nous apprendre que l’Homme est un éternel pêcheur. Pas de chance Martin Luther l’a déjà dit il y a 5 siècles, mais le drame numéro un du film c’est que c’est encore vrai aujourd’hui, et le drame numéro deux c’est que le mal triomphe.
Après le salut par les œuvres, le salut par le mal. Désolée Lars, on n’a vraiment pas la même théologie.


Lars Von Trier seems fascinated by moral and religious themes. So much of his imagery and his references are biblical. It has been easy to see his persecuted woman, Emily Watson in Breaking the Waves and Bjork in Dancer in the Dark, as martyrs, whose sufferings bring healing to men. Von Trier sets them up as redemptive Christ-figures.

As we share the experiences of Grace (and her doubting Thomas) in the community of Dogville, we trace the pattern of the Gospel : Jesus coming into a lowly world, accepted despite suspicions, serving rather than being served, turned against and given her own passion. As the three hours running time pass, we seem to be being led in a most positive way. It is the way of forgiveness no matter what the offence - and, finally, Grace becomes the victim of women and children’s maline and men’s lusts.

This would gave been so simple. We might have been using Dogville in years to come for seminars on grace. But, there is the enormous 180 degree turn in the final chapter of the film. When the unseen gangster finally arrives, we might surmise he represents the devil. But, then we see him, and discover that the Godfather might be God the Father and von Trier is challenging us to think again about John 3 where God so loves the world... It seems that in this US world, God so hated it that he sent his daughter to destroy it. If there is to be no more deluge, then I Peter says that the next destruction is by fire. And, in Dogville, so it is. With David Bowie singing about America’s young over the final credits and the devastating collage of American photos, we are sent out of the cinema questioning the good and the evil in human nature and whether there can be any hope.