Depuis ce matin, on le sent de manière palpable : les jurés sont vraiment rentrés dans le festival. Leurs propos plus assurés et leur attitude plus concentrée en témoignent. C’est le temps de l’adaptation. Chacun a pris ses marques, trouvé ses repères entre les rendez-vous de travail, les projections et les nombreuses sollicitations de dernière minute. Mme Lambert, jurée canadienne, explique que Cannes est "une grosse organisation ; il faut penser à tout, je commence à m’adapter maintenant". Elle n’est pourtant pas une débutante en la matière. Cette réalisatrice animatrice de radio participe régulièrement au festival des films du monde à Montréal où elle voit souvent quatre films par jour. "Ici, je commence à atteindre les trois films par jour, je vois ceux de la compétition bien entendu et quelques uns en plus mais avec tout ce qu’il y a autour je ne peux pas aller plus loin !". Côté cinéphilie le menu de la journée fut composé de deux réalisations : les nouveaux films de James Campion et de Ang Lee, respectivement Bright Star et Taking Woodstock.
Le festival est maintenant rentré dans une phase plus profonde. Que ce soit avec Fish tank ou Nuits d’ivresse printanière, les films abordent des sujets graves et remplis de souffrance. Qu’il paraît loin l’émerveillement innocent du Pixar d’ouverture ! La présence de Martin Scorsese et de Juliette Binoche sur les marches ce soir a pourtant vite relancé la magie, rappelant la dimension mythique du festival où se sont croisés les plus grands.
La vie du stand du jury œcuménique situé au marché du film, n’en est pas encore au stade du mysticisme mais elle se développe et s’approfondit elle aussi. Thomas (photo) un de quatre stagiaires de l’équipe d’organisation y conviait les cinéphiles pour évoquer les anciens prix œcuméniques (aujourd’hui Vim Wenders). Puis ce fut au tour de Radu Mihaileanu, président du jury, de recevoir une journaliste du Monde qui a répondu présent à notre invitation.
Le festival offrait à tous, en ce 15 mai, une journée contrastée et intense. Pour un peu, on en aurait oublié la pluie !