
L’événement cannois du jour est sans conteste la projection du nouveau brûlot de Michael Moore, Fahrenheit 911, une autre histoire des Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001.
Depuis Bowling for Columbine, tout le monde connaît le style provocateur de Michael Moore et admire son engagement. S’ils manquent parfois de subtilité, ses films ne manquent par contre pas de mordant. Cette fois-ci, il s’attaque à l’administration Bush et à sa gestion de l’après 11 septembre. Ce qui expliquerait que Miramax refuse de distribuer le film. Mais Michael Moore se bat pour que son documentaire sorte aux Etats-Unis avant les élections présidentielles, afin d’inciter les électeurs à voter contre Bush. Car c’est là la portée du travail de Moore : changer les choses par le cinéma. Filmer de manière directe, parfois subjective, mais filmer « utile ».
Dans un autre style, un film comme Moolaade de Sembene Ousmane poursuit les mêmes objectifs. Il s’agit d’un plaidoyer, très didactique, contre la pratique ancestrale de l’excision au Sénégal. Sembene Ousmane déclare avoir voulu faire un film utile avant d’être artistique, un film à montrer dans les villages et les écoles africaines pour changer les mentalités sur le terrain, loin des paillettes des festivals européens.
Dans un sens, on peut mettre ces démarches en parallèle avec celle de Ken Loach, qui montera les marches avec le Jury oecuménique à 19 heures. La plupart de ses films parlent de et à la classe ouvrière britannique. C’est aussi pour son engagement permanent en faveur des exclus de notre société que le Jury oecuménique a choisi de lui rendre hommage.