
Nationalité : Japon, France, Singapour, Philippines, Indonésie
Genre : Drame
Durée : 2h 00min
Date de sortie : 17 septembre 2025
Réalisateur : Chie Hayakawa
Acteurs principaux : Lily Franky, Hikari Ishida, Yui Suzuki
Tokyo, 1987. Fuki, 11 ans, vit entre un père hospitalisé et une mère débordée et absente. Un été suspendu commence pour Fuki, entre solitude, rituels étranges et élans d’enfance. Le portrait d’une fillette à la sensibilité hors du commun, qui cherche à entrer en contact avec les vivants, les morts, et peut-être avec elle-même.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
18 mai 2025
Vous vous posez la question « pourquoi ce titre », qui fait référence au peintre Auguste Renoir de la fin du 19ème siècle, alors que la réalisatrice et scénariste est Hayakawa Chie, d’origine japonaise et que le sujet, très intimiste, est celui de l’appréhension du monde des adultes par une fillette de onze ans ? Alors vous avez une partie de la genèse et de la forme de cet opus dramatique, complexe, dense mais sensible et onirique.
En effet, l’auteure nous met, par trois fois sur le chemin, par la présentation d’une reproduction d’un tableau impressionniste de ce peintre, La Fillette à la gerbe.
Fuki entre dans l’adolescence et a une personnalité très introvertie du fait d’un père porteur d’un cancer en phase terminale, souvent hospitalisé et d’une mère aimante mais souvent absente et débordée. Alors, elle observe, elle rêve, elle teste. elle expérimente.
Dans la forme, Hayakawa Chie utilise les éléments du mouvement artistique contemporain, le déconstructivisme, qui nous pousse dans l’esprit onirique et fantasmagorique de la fillette qui se cherche, en nous dirigeant vers notre propre introspection et pour cela elle s’y prend par touches de couleurs, d’images d’où la référence à l’Impressionnisme.
18 mai 2025
C’est l’histoire d’une fillette délaissée durant l’été où son père se meurt. Le film procède par touches successives, montrant la petite Furi dans une solitude constante, sur son vélo, marchant dans les rues, jouant avec une amie de classe, s’ennuyant, rêvant. Les plans se succèdent avec fluidité, refusant ni les ellipses ni -par instants- l’équivoque du statut de la scène : est-ce un souvenir ? un rêve ? un incident réel ? Furi, interprétée par une jeune actrice époustouflante (Yui Suzuki), pose sur les adultes, sa mère débordée et brusque, son père épuisé, sa prof d’anglais (un jeune homme douteux et prédateur potentiel), un regard droit qui ne cille pas et interpelle le spectateur. La caméra de la réalisatrice Chie Hayakawa, qui avait obtenu la Caméra d’or en 2022 pour Plan 75, est d’une tendresse et d’une précision remarquables. Les plans sont découpés au cordeau, rien de trop, rien d’inutile. Le tout avance avec modestie et douceur, distillant une atmosphère mélancolique et singulièrement attachante.
Un film merveilleux de grâce et de justesse.