
Nationalité : Espagne, France
Genre : Drame
Durée : 1h 55min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Óliver Laxe
Acteurs principaux : Sergi López, Bruno Núñez, Jade Oukid
Au Maroc, dans le massif désertique du Saghro, Louis, accompagné de son fils Stéphane, recherche sa fille aînée Marina, qui a disparu. Ils rallient un groupe hétéroclite de ravers lancé à la recherche d’une énième fête aux confins du continent africain. Ils embarquent ainsi pour une odyssée ardente dans les profondeurs du désert saharien, un miroir de sable qui confronte les personnages à leurs propres limites.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
18 mai 2025
Loin du monde, dans le désert du sud du Maroc, des raveurs se retrouvent en transe sur une sono qui crépite et crache de l’électro tonitruante sur la bande-son composée par le français Kangling Ray. C’est le quatrième long métrage du jeune réalisateur Oliver Laxe qui met en scène des acteurs poignants, qui sont de véritables raveurs non-acteurs ou comme le remarquable franco-espagnol Sergi Lopez.
Les protagonistes vont chercher au fond d’eux-mêmes des valeurs authentiques et sincères de fraternité et de solidarité tandis que cette aventure se trame de drames intenses et de désespérance, laissant le spectateur aussi tétanisé que devant le film de de Henri-Georges Clouzot, Le Salaire de la peur (1953).
Le décor du Haut Atlas marocain est sublime, le désert immense, les canyons majestueux mais les falaises sont impitoyables et le sable, jonché de traces mortelles de guerre.
Selon la tradition musulmane, après la mort, chaque âme devra traverser le pont Sirāt, plus fin qu’un cheveu et plus tranchant qu’une épée, pour atteindre le paradis.
18 mai 2025
Comment réagir quand tout ce que l’on pensait avoir se perd dans le vide ? Quel sens a la vie quand on pense avoir tout perdu ? "Sirat" nous conduit dans l’idée d’un deuil infini qui nous fait comprendre l’éphémère de l’existence humaine.
Ce scénario nous emmène sur un chemin désertique (littéralement et poétiquement) qui nous emporte dans un cercle vicieux où suspenses et surprises ne semblent jamais s’arrêter. Notre personnage principal entre dans le désert spirituel le plus compliqué de sa vie, en perdant non seulement des êtres aimés, mais aussi son envie de vivre.
Ce film nous permet de comprendre que nous n’avons pas un contrôle total sur notre vie et que nos décisions peuvent nous mener à différents destins possibles. En d’autres mots, la vie est faite de bons et de mauvais moments, des moments heureux et d’autres où il faut simplement se laisser vivre, en espérant que le lendemain nous offrira de nouvelles opportunités.
18 mai 2025
Nous avions perdu la trace de Sergi Lopez, acteur emblématique des années 80, nous venons de le retrouver : il est dans le désert... Sirāt est le nom du pont qui sépare les vivants des morts, jamais film n’a si bien porté son nom... Oliver Laxe nous embarque aux frontières de l’horreur. Adepte du mélange des genres : film fantastique - ses héros semblent sortis tout droit de Freaks - de science fiction - les paysages ressemblent à ceux de Dune - sans oublier le modèle de référence de l’auteur : Mad Max de John Miller. Le réalisateur accomplit ici un tour de force que nous ne sommes pas prêt d’oublier ; il va nous tenir en haleine durant deux heures.
18 mai 2025
On ressort du film Sirat désorienté, où Oliver Laxe nous laisse dans un état second. L’histoire d’un père, accompagné de son fils, à la recherche de sa fille disparue devient un voyage spirituel et apocalyptique, où le désert marocain symbolise l’isolement de ceux qui fuient la société pour survivre en marge, de rave en rave, en pleine fin du monde. C’est une expérience sensorielle autant qu’un film pour montrer à quel point, pour eux, la musique est un besoin vital, un mode de vie, presque une religion. La beauté du film réside dans cette lumière inattendue d’entraide, de solidarité, de fraternité malgré la souffrance et les tempêtes qu’ils affrontent. Laxe capte une communauté souvent mal comprise, mais intensément vivante, sans jamais juger. Certains verront le chaos, moi j’ai vu une quête de joie, de vie, portée par la musique.
18 mai 2025
La musique de ce film n’est pas qu’un accompagnement, elle est un élément du décor (les amplis pour preuve) voire un personnage à part entière : techno-tribale en version électro-acoustique, elle sert l’idéologie des personnages. D’aucuns en quête de sens, d’autres (le père et son fils) à la recherche de leur fille et soeur. Ainsi se créeront des liens improbables grâce à la solidarité de chacun. L’ouverture d’esprit et la tolérance prévaudront, quelles que soient les circonstances. Et si l’on pressent qu’elles seront catastrophiques, on est loin du compte, tant le scénario regorge de rebondissements.
Le titre Sirāt fait allusion à la traversée du pont de ce même nom dans la religion musulmane : entre le paradis et l’enfer, les épreuves et la rédemption, la justice divine.
C’est haletants, que nous suivrons les péripéties des protagonistes. Les cadrages sont toujours centrés, comme s’il ne fallait jamais s’éloigner du sujet, de l’essentiel. Ils vont souvent par paire (2 camions, 2 individus, etc.) Une symbolique ? Quoi qu’il en soit, ils servent une mise en scène extrêmement raffinée, proposant des paysages rudes et magnifiques. Les roches, le sable et la poussière : le désert parfois, c’est bien connu, engloutit les âmes et les corps !
17 mai 2025
Avec Sirāt, on en a plein les yeux et les oreilles ! La magnificence du désert est sublimée par la caméra et les baffles acoustiques sont branchés à fond. Le cœur en a aussi pour son compte, car l’émotion est à son comble, avec des inattendus dramatiques qui s’enchaînent. Nous accompagnons au Maroc, à la recherche de leur fille et sœur dont ils sont sans nouvelles, un père et son jeune fils. Il y a entre ces deux-là une relation forte, basée sur le respect, la proximité et une quête commune.
Partant à la rencontre de jeunes raveurs ils découvriront une certaine solidarité et fraternité. "C’est eux ma famille " dit l’un d’eux à l’enfant qui lui pose des questions sur le fait d’être loin des siens. Et nous sommes immergés dans le triptyque : musique électro, transe et psychotropes divers...
Sirāt, c’est, selon la tradition musulmane, le pont qui relie le paradis à l’enfer, "fin comme un cheveu et tranchant comme une épée". Et le film nous fait passer sans cesse de l’un (tonitruant et artificiel) à l’autre (détonnant et enflammé).
Âmes sensibles s’abstenir...