
Nationalité : Brésil, France
Genre : Policier, Drame
Durée : 2h 40min
Date de sortie : Date de sortie inconnue
Réalisateur : Kleber Mendonça Filho
Acteurs principaux : Wagner Moura, Gabriel Leone, Maria Fernanda Cândido
Brésil, 1977. Marcelo, un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où le carnaval bat son plein. Il vient retrouver son jeune fils et espère y construire une nouvelle vie. C’est sans compter sur les menaces de mort qui rôdent et planent au-dessus de sa tête…
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
23 mai 2025
Thriller politique dans le Brésil de la dictature militaire : un universitaire chercheur évincé fuit son passé et rejoint Récife. Bientôt traqué par des tueurs à gage en cheville avec la police, il se réfugie dans une pension bien particulière et cherche à s’organiser pour quitter le pays avec son fils. Marcelo (alias Armando), n’est cependant pas un agent secret, malgré le titre (clin d’œil au Magnifique avec JP Belmondo).
Un scénario bien construit, au rythme enlevé, avec des pointes d’humour (noir), une bonne maîtrise de la caméra qui donne notamment un aperçu de la folie du carnaval à Récife. Mais le film illustre avant tout un système corrompu, brutal, où la police forte d’un sentiment d’impunité ne protège pas les citoyens.
Wagner Moura campe brillamment un Marcelo humain, plein de ressources, qui force l’empathie. La patronne de pension, Sebastiana de Medeiros est remarquable en mamie engagée au fort caractère.
Au final, Kleber Mendoça Filho (réalisateur du film choc Bacurau primé à Cannes en 2019), dénonce à sa façon, grâce à un héros qui porte le film, les méfaits de la dictature, tout en rendant hommage à la résistance et à la volonté de vivre.
21 mai 2025
"Ça raconte notre pays, une histoire qu’on partage" nous confie le réalisateur Kleber Mendoca Filho. C’est le Brésil des années 70 sous la dictature, à travers le personnage charismatique de Marcelo/Armando - Wagner Moura. Son visage est attachant, si doux qu’il est surprenant qu’on lui lâche "tu as la tête d’un tueur".
S’invitent alors dans le scénario des jambes coupées et la gueule d’un requin : corps mutilés qui se fondent dans la foule délirante en ces temps de carnaval où tout semble permis. A Recife, dans le débordement des couleurs, des musiques et des danses, la mort est banalisée et la parole muselée.
Deux faces d’une même société donnent lieu à quelques pointes d’humour dans des scènes curieuses : un personnage allemand aux yeux bleus exhibe ses cicatrices ou l’attaque de la communauté gay dans un parc.
On ne sait rien du passé de Marcelo, bon ou mauvais : on a juste compris qu’il est recherché. L’étau se resserre. Dans ces années 70 , la corruption est à tous les niveaux et les enlèvements concernent tous les échelons de la société. Nous ne cesserons de croiser les photos des disparus.
Entre thriller et film politique, construit en 3 chapitres pour 3 générations, le réalisateur insiste sur l’importance des archives et invite la société brésilienne actuelle à s’interroger sur cet héritage difficile.
20 mai 2025
L’agent secret est le troisième film présenté en sélection officielle par Kleber Mendonca Filho. Il complète le portrait d’une société brésilienne déchirée et fragmentée.
Il ne s’agit pas ici d’une adaptation du livre de John Le Carré, même si on peut y retrouver les ressorts des histoires d’espionnage (poursuites, recherches etc...).
Il s’agit plutôt de tracer le portrait d’un homme avec ses zones d’ombre et de lumière. A la fois film politique et polar, le réalisateur trace le portrait d’une société violente, corrompue et injuste. Nous sommes sous la dictature militaire dans les années 70 et la société actuelle en porte encore les stigmates. Grâce à une grande maitrise formelle, nous ressentons la moiteur, la touffeur et la folie du Brésil.
La force du film vient de l’attachement que nous portons à ce personnage charismatique. Mais celui-ci garde, comme tout bon agent secret, sa part de mystère qui nous empêche de nous identifier totalement à lui.
20 mai 2025
En plein Carnaval, au Brésil, Marcello, la quarantaine, scientifique enseignant-chercheur, fuit les persécutions après l’assassinat de son épouse et se cache dans un lieu (Recife) où il pourra voir son fils, confié à ses grands parents.
Le réalisateur, Kleber Mendonça Filhao, situe ce thriller politico-social dans les années sombres de 1970, pendant la dictature militaire, alors que règne l’épuration touchant toute la société, civile, politique, policière et même militaire, afin de « punir les traitres » ne respectant pas l’idéologie dominante.
C’est un film engagé porté par des acteurs bien dirigés, au scénario limpide, avec une tension oppressante, suffocante, visant à partager celle de l’acteur principal, Wagner Moura mais pas que, car le récit s’allège de temps à autres par des scènes fantaisistes et poétiques et par l’aide fraternelle d’autres opposants. La photographie et le montage participent à cette petite merveille cinématographique.
La Défense des valeurs et l’humanisme qui le soutiennent, ajoutent une plus value qui donne du poids à ce film.